Leurs chansons crues et romantiques parlent de rupture, de coups de cœur, d’amours qui finissent mal. Avant la sortie de leur nouvel album, Mystère, parlons cru et cul avec Clémence, Marlon et Sacha de La Femme, groupe français majeur du moment.
Comment est née la pochette de votre nouvel album, Mystère, qui représente une chevelure de dos, dans laquelle on entrevoit un sexe féminin ?
Marlon – C’est une idée de Libérator, l’illustrateur avec lequel on travaille. Au départ, le dessin qui se retrouve aujourd’hui au dos devait être la pochette. Mais on a préféré cette image et on en a fait le recto. Ça décrit littéralement ce qu’est La Femme. Pour notre premier ep, on faisait des parodies de L’Origine du monde de Courbet, il y avait la chatte blanche, la chatte black et la chatte psyché.
Clémence – J’aime aussi beaucoup ce dessin parce qu’on a la sensation d’un chemin dans lequel tu vas pénétrer. C’est à proprement parler mystérieux. C’est une image qui t’engage à entrer dans l’album.
Dans ce nouvel album, comme dans le précédent, il est beaucoup question de ruptures. Pour autant, si La Femme se fait quitter, elle reste détachée. Il y a une légèreté dans vos chansons…
Marlon – Oui, complètement. Quand tu te fais quitter, tu as l’impression que c’est comme une maladie grave, un cancer, tu es anéanti. Certains disent : “Je préfère qu’on me coupe les jambes…” En vrai, c’est pas grave. On a envie de faire passer un message positif. Dans la vie, il faut avancer, ne pas rester bloqué. La seule solution, c’est de passer à autre chose.
Quels films ou images excitent La Femme ?
Marlon – Les films érotiques de RTL9, Eyes Wide Shut, certains films de Gaspar Noé… J’aime quand on ne montre pas, qu’on suggère en flirtant avec la vulgarité. Une fille qui porte un T-shirt coupé et dont on aperçoit le bout des seins… C’est super excitant !
Clémence – Body Double de Brian De Palma : c’est l’histoire d’un mec qui regarde une fille à travers les rideaux. Tous les soirs, il la mate quand elle se déshabille. Elle fume sa clope, elle boit du vin rouge, elle danse un peu. Je trouve ça ultra érotique. Il y a un baiser qui dure cinq minutes. le plus beau et excitant que j’aie vu au cinéma.
Sacha – Moi j’aime bien quand DiCaprio dessine la fille dans Titanic.
Et musicalement ?
Marlon – Pour moi, la chanson sexe par excellence, c’est Je t’aime… moi non plus de Gainsbourg.
Clémence – Gainsbourg aussi. Mais je choisirais Variations sur Marilou, qui parle de masturbation. Cette chanson est inouïe.
Sacha – J’aime bien des trucs plus sales avec du saxophone !
Marlon – Le morceau qui concilie le tout c’est Sexe (un morceau tiré d’une revue créée par Line Renaud au Casino de Paris – ndlr) et ses montées jazz. Ou Déshabillez-moi de Juliette Gréco.
La notoriété a-t-elle changé votre rapport à la sexualité et à la séduction ?
Marlon – Je ne pense pas. Mais disons que ça la lubrifie un peu.
Clémence – Faire quelque chose qui te plaît t’épanouit. C’est difficile de démêler ce qui tient du succès ou de l’expérience. Il y a bien sûr des garçons qui bloquent un peu sur toi pendant un concert, qui se font leur petite projection et viennent ensuite te draguer. Mais cela me rend distante. Je n’ai pas envie de séduire comme ça. J’aime jouer sur le mystère, la retenue, la petite fille qui sort de l’école…
La Femme est-elle fidèle ?
Clémence – C’est vraiment une question qui se pose pour nos générations. Est-ce que cette valeur existe toujours ? Je n’ai pas la réponse.
Sacha – Je trouve ça d’autant plus complexe que l’on vit dans une société plus bloquée que celle de nos parents. Ce ne sont plus les années 1970. Là, c’est une époque paradoxale.
Marlon – L’époque est capable de produire des publicités extrêmement sexistes et, d’un autre côté, de censurer un temps sur Vevo le clip de Sphynx (premier single du nouvel album de La Femme – ndlr) alors que ce sont juste des filles topless, même des créatures, tant elles sont stylisées. Je connais plein d’autres clips superlascifs qui passent. C’est très hypocrite, comme sur Facebook : il faut seulement ne pas montrer de tétons.
Quel genre de femmes excite La Femme ?
Clémence – Surtout des femmes du passé comme les élégantes des années 20 ou 40…
Marlon – Je préfère les années 50. Les tailleurs, c’est plus sexy. Dans les années 20, c’est un peu trop droit. J’aime aussi les choucroutes des années 80.
Sacha – 1970, c’est le plus “sexant”
La Femme aime-t-elle la pornographie ?
Marlon – J’aime cet art d’exciter. Ado, j’ai maté mon premier porno avec mon grand frère. Un grand souvenir. Initialement, on devait regarder Maman, j’ai raté l’avion !. Quand on a introduit la cassette dans le magnétoscope, on s’est rendu compte que Le Journal du hard avait été enregistré par-dessus. J’ai trouvé ça bizarre, je ne comprenais pas bien ce que je voyais. Mon grand frère m’a couvert les yeux.
Sacha – Moi, c’était en crypté. Je pensais que c’était des animaux dans les arbres et, tout à coup, c’est passé en clair.
Quelle est la popstar la plus sexy ?
Marlon – Madonna. Elle porte des corsets, elle a des tenues épiques. Pour que ça m’érotise, il faut qu’il y ait du costume. Dans la vie, en général, j’aime le scénario, l’imaginaire. Les vêtements en sont un vecteur. J’aime bien Lana Del Rey, et aussi l’Alizée de Moi, Lolita.
Clémence – PJ Harvey. Je viens de regarder toutes ses vidéos live. Je l’ai revue récemment en concert et je me suis retapé une obsession. Cette femme est tellement sexy dans la façon dont elle chante, bouge, incarne ses chansons. Elle me fait grave de l’effet. Elle a trop de sexe en elle et parvient totalement à déjouer la question de la femme-objet.
Sacha – Moi je suis Mylène, époque Maman a tort et époque Boutonnat, les perruques, la peau blanche…
Le vêtement sexy ?
Marlon – Les corsets, les porte-jarretelles. Ça me fait bander.
Clémence – Pour une fille, la culotte blanche en coton. Pour un garçon, le T-shirt blanc.
Sacha – Le col roulé.
La ville sexy ?
Sacha – Florence. Sa beauté et son atmosphère : tu as envie de sortir chemise ouverte, en mode ragazzo. J’y ai passé des soirées avec des mecs italiens en marcel, sur une place. On matait les filles et on donnait des notes, c’était un peu le délire.
Marlon – Les villes où on est tous à poil au bord de la mer. Je dirais Rio au Brésil, même si je n’y suis jamais allé. C’est un imaginaire qui fonctionne.
Clémence – Paris. Une fille qui fait du vélo en petite robe, au naturel.
propos recueillis par Géraldine Sarratia photo Jules Faure pour Les Inrockuptibles
album Mystère, disponible le 2 septembre
concerts le 13 août à la Route du rock (Saint-Malo), le 27 à Rock en Seine (Saint-Cloud) et en tournée française à partir du 16 septembre lafemmemusic.com