Entre frimas shoegazing et nonchalance West Coast, un album très cool. Critique et écoute.
« Il y a eu les Penguins, les Crickets, les Beatles, les Animals et maintenant les Crocodiles”. Brandon Welchez et Charles Rowell semblent avoir trouvé leur place dans la chaîne alimentaire de la pop-music. Les deux têtes pensantes des Crocodiles, qui se sont rencontrées à San Diego pendant l’adolescence, n’ont jamais cessé de travailler ensemble. “On a une connexion. Quand on écrit et qu’on joue ensuite, les choses prennent naturellement du sens, sans qu’on ait besoin de beaucoup discuter.” Ce sixième sens animal, ils le mettent au service d’un troisième album cramé par le soleil de la Californie – même s’il a été enregistré à Berlin.
Brandon et Charles ont d’ailleurs quitté San Diego. L’un est parti vivre à New York, l’autre en Grande-Bretagne, pendant que le reste du groupe continue de lézarder en Californie. Ce triple point d’attache, c’est peut-être l’ADN de ce disque : le son sal(ac)e des New-Yorkais de Sonic Youth, les distorsions incontrôlables des Écossais de Jesus & Mary Chain, l’écho et la chaleur des harmonies vocales du Californien Brian Wilson. La surf-music se pratique donc ici à l’ombre d’une urbanité possédée (My Surfing Lucifer), le mur de Berlin se retrouve sans choquer à Venice Beach (Bubblegum Trash) et les visions psychédéliques ont des airs de dentelle mangée aux mites (Hung up on a Flower). Entre ombre et lumière, tout en demi-teintes impeccables, Endless Flowers révèle un groupe qui, obsédé par le son, s’est enfin inquiété de chansons. Endless Flowers ? Flower power.