Succès hors-norme à Broadway dont elle ne quitte pas l’affiche, Hedwig and the Angry Inch est une comédie musicale d’un genre nouveau qui se joue enfin à Paris, et ceci pour notre plus grande joie
“Cette version française de la comédie musicale Hedwig and the Angry Inch, est une vraie première”, explique avec exaltation le metteur en scène Dominique Guillo qui en signe une adaptation jouissive. “J’ai tout de suite eu envie de la mettre en scène quand, il y a dix-huit ans, j’ai découvert le film qui en avait été tiré. Je ne comprenais pas pourquoi la France ne programmait pas ce show qui se joue à guichets fermés depuis des années à Broadway. On a plus que jamais besoin aujourd’hui de textes pareils, on a besoin de montrer ce genre de fables, comme on a besoin d’affirmer que la liberté est encore quelque chose qui n’existe pas !”
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Joué pour la première fois il y a trente-cinq ans, en 1998, dans les sous-sols du Off Broadway, cet opéra rock imaginé par l’acteur et réalisateur John Cameron Mitchell, est rapidement devenu, succès fulgurant oblige, un classique de la comédie musicale. Cette odyssée éclairée et électrique autour du récit de Hedwig, personnage hors norme naviguant entre les genres qui va trouver dans le glam-rock l’énergie vitale face à un destin contrarié, va vite trouver son public, devenir un film désormais culte et se voir déclinée en différentes versions du spectacle autour du monde (dont celle signée par Neil Patrick Harris qui récoltera quatre Tony Awards).
Des questions intemporelles
Une comédie plus que jamais d’actualité et enfin adaptée à sa juste mesure en France. “Hedwig, c’est quelqu’un qui s’est construit dans l’adversité”, explique Brice Hillairet, comédien principal, qui incarne à merveille le personnage d’Hedwig. “Elle est née en Allemagne de l’Est aux débuts des années 1960, petit garçon un peu girly comme elle le précise, tout en écoutant du rock et en rêvant de devenir une star en Amérique. Obligée de se faire opérer pour devenir une femme, et ainsi échapper à l’Allemagne de l’Est et son fameux mur, Hedwig se retrouve, à cause d’un chirurgien véreux, avec un mini-pénis (le fameux ‘angry inch’, NDR) et une apparence féminine qui va bousculer son rapport au monde.” Hedwig est une musicienne en galère, jouant dans des centres commerciaux miteux quand elle ne se prostitue pas pour sauver sa peau. Sa rencontre avec le jeune Tommy Gnosis, future star du rock, dont elle tombe éperdument amoureuse à ses dépens, va sceller son destin.
Mélange parfait, et haut en couleur, entre la comédie, le stand-up et le concert de rock, Hedwig and the Angry Inch est un tourbillon de sentiments, un mélange d’euphorie et de larmes, un humour queer à toute épreuve, emporté par un répertoire glam-rock aux riffs de guitares acérés. Adaptée par Dominique Guillo et Brice Hillairet (Molière de la révélation en 2020), et incarnée à merveille par ce dernier, cette version française portée par un groupe de musiciens détonnant, des jeux de lumière habiles, des comédien·nes en parfait accord, et un sens de la narration et du rythme à toute épreuve est une réussite, une jubilation permanente, un spectacle total. Une réflexion sur la différence et la résilience plus que jamais pertinente comme le conclut Brice Hillairet : “Peu importe l’identité de chacun·e, peu importent les mots qu’on met dessus, laissons une fois pour toutes les gens être ce qu’ils et elles ont envie d’être !”
Hedwig and the Angry Inch jusqu’en juin 2024 · au Café de la Danse de décembre 2023 à février 2024
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