« Retour aux racines », comme l’énonce l »adage. A partir du 1er août, VH1 Classic devient MTV Classics. A travers l’éventail de programmes proposés, un simple concept : nous (re)faire goûter aux programmes emblématiques de la chaîne teenage, de « Beavis & Butthead » à « Jackass », afin de célébrer comme il se doit ses trente cinq ans d’existence.
Alors que les amoureux de Stand By Me et E.T. ont les yeux scotchés sur la mélancolique série Stranger Things, c’est une autre époque signifiante de la pop culture qui se voit mise à l’épreuve du bilan. Plus qu’un best-of, il s’agit via Mtv Classics de faire la synthèse d’un certain état d’esprit : celui de la MTV Generation.
Sodas et madeleine de Proust
https://www.youtube.com/watch?v=JJgQzmYOAzM
Panorama complet, la programmation prévue chez MTV Classics est riche en souvenirs émus. Entre les rediffusions des fameux live Unplugged, tels ceux de Pearl Jam et Nirvana, et la mise en ligne de concerts tout aussi représentatifs de leur décennie (Britney Spears, Oasis) c’est à un festin généreux de sous-culture adolescente que l’audience aura droit, via la mise à l’antenne des épisodes les plus régressifs de Beavis and Butthead, Jackass, Real World, Punk’d, Pimp my ride…Sean Atkins, PDG du network, a récemment qualifié comme nous le reporte Entertainment Weekly cet MTV post-eighties – bientôt ressuscité – de « mine d’or de la pop culture, à la résonance universelle« , voire de « portfolio pluriel de la culture musicale et la culture jeune, prise à la racine« .
Du burlesque sadomasochiste de Johnny Knoxville aux émissions de télé-réalité les plus grivoises, en passant par les rires potaches des deux ados death-metaleux créés par Mike Judge et le sourire irrésistible de Xzibit, le MTV de la fin des années 90 et du début des années 2000 ici privilégié est une réaction bruyante à la bêtise décisionnelle des deux gouvernements Bush (senior et junior). La farce irrévérencieuse, la vulgarité prononcée et la provocation facile constituent le sel de ces divertissements s’adressant à une jeunesse nihiliste et trash. Malgré leurs atours légers, ces programmes ouvertement grossiers, s’étalant de l’opération Tempête du Désert à la Guerre en Irak, se révèlent pertinents en explorant jusqu’au vertige satirique le pire de l’imaginaire américain (armes à feu, culte de la célébrité, religion de l’extrême, poitrines en toc et bolides ultrathunés), et ce en une période de troubles sociopolitiques intenses et d’images-choc inondant jusqu’à l’obscène les ondes de la télévision US. Cascadeurs dangereux et poupées superficielles se font les incarnations de cette Amérique du mensonge et des simulacres.
Cette jeunesse, dépeinte dès 1991 dans le documentaire MTV Generation, c’est la Generation X, aussi dénommée « Generation MTV ». Des fils et filles désabusés élevés aux clips-video, privilégiant le cynisme et l’incertitude aux traditions parentales conformistes et aux utopies illusoires des baby boomers. C’est ainsi là le pitch de Daria (créée par Glenn Eichler en 1997), série culte à l’ironie mordante dépeignant l’enfer du bahut, s’imposant non sans surprise comme le fer de lance de ce conceptuel MTV Classics.
Entre la nostalgie façon madeleine de Proust et le goût de la pop culture, sucré comme un soda frais, ces programmes sont autant de documents historiques à (re)découvrir dès le premier du mois d’août prochain.