Produits par Alex Kapranos de Franz Ferdinand, les Londoniens de Citizens! partent à la conquête des clubs et du coeur des filles avec un premier album pop à l’efficacité redoutable. Critique et écoute.
« Tout s’est passé lors d’une soirée. Il était très tard, on était tous un peu bourrés et on s’engueulait sur quel morceau passer. Certains voulaient mettre Kanye West, d’autres Suicide. On s’est rendu compte qu’on n’avait pas du tout les mêmes goûts mais qu’on s’entendait bien. C’est là qu’on s’est dit qu’on pourrait réunir toutes nos envies, toutes nos influences dans un groupe et faire de la pop comme on l’entendait.” Pas d’histoire rocambolesque ni d’anecdote farfelue : c’est par ce manifeste d’une simplicité déconcertante que Tom Burke, chanteur de Citizens! au visage angélique, explique la naissance de son groupe.
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Il faut dire que, depuis l’apparition de leurs premiers morceaux sur le net l’année dernière, les jeunes Londoniens ont clairement annoncé la couleur : pas question pour eux de se perdre en digressions inutiles, ni de se faire dicter quoi que ce soit. En témoigne True Romance, titre sombre, sinueux, mais d’une implacable efficacité sur les muscles des mollets. “Faire de la pop-music, ce n’est pas essayer de faire quelque chose de futé. C’est réussir à inclure de grandes idées dans un format très simple”, lâche d’ailleurs Tom pour finir de confirmer ce que l’on pensait déjà : Citizens! est né pour faire valser les filles et rendre jaloux leurs petits amis – Burke, ses yeux bleus et ses fossettes vont faire des émules, on veut bien le parier.
C’est donc tout ce que l’on apprendra de la formation du groupe, qui semble plus s’attacher à son futur qu’à son passé. On saura en revanche très vite que les cinq garçons n’ont qu’une idée en tête : créer de la pop organique et orgiaque pour faire danser sans tomber dans la facilité du revival délavé – “Pop n’est pas un gros mot, c’est un mot sacré”, aiment-ils à répéter. Chez Citizens!, ce leitmotiv est d’ailleurs passé par l’établissement de deux principes auxquels ils se sont tenus pendant tout l’enregistrement de leur premier album, Here We Are : interdiction d’avoir recours au moindre tour de passe-passe en studio pour corriger leurs voix, leur son ou leurs erreurs ; interdiction d’utiliser des idées tirées d’une chanson déjà existante. Pas facile pourtant pour un jeune groupe d’imposer ses propres règles. Citizens! trouvera son salut chez le label français Kitsuné, qui a signé le groupe l’an passé. “Quand tu es un nouveau groupe, on te met beaucoup la pression pour prendre le moins de risques possible, pour rester prudent parce que tout le monde attend que ton morceau décroche un passage radio ou une synchro pub. On a essayé de ne pas s’en soucier. Ça a été plutôt facile parce que Kitsuné a une super attitude avec les nouveaux groupes comme nous : ils ne nous ont jamais obligés à faire des choses qu’on ne voulait pas faire. Et puis, on a enregistré l’album au milieu de nulle part, en pleine campagne écossaise, juste nous et Alex. On était coupés du monde, enfermés dans cette grande maison sans pression de qui que ce soit puisqu’on était complètement isolés”, raconte Tom.
Écosse, pop imparable, Alex ? Le dénominateur commun de ces trois mots tient en un nom : Franz Ferdinand, ou plutôt leur leader, Alex Kapranos, qui a pris le groupe sous son aile et impeccablement produit Here We Are. “Il a reçu une de nos demos via un ami commun. La première fois qu’on s’est rencontrés, c’était seulement pour boire un verre. Et puis on s’est vite rendu compte qu’il avait exactement compris ce que l’on voulait faire. Alex n’a cessé de nous lancer des défis, de nous pousser dans nos retranchements. Il était assez dur avec nous. Il nous demandait de justifier toutes nos décisions. Il a mis beaucoup d’énergie dans l’enregistrement de l’album”, confie Tom.
Attention pourtant à ne pas faire de raccourcis précipités. S’ils ont le potentiel de leurs aînés écossais et s’en rapprochent dans leur manière de faire de la pop fatale pour les hanches (l’irrésistible (I’m in Love with Your) Girlfriend, Monster), tordue pour les méninges (Reptile, True Romance et son très étrange clip réalisé par High5Collective), les cinq Citizens! n’en sont pas de jeunes duplicatas : voix haut perchée d’une justesse délirante, claviers menaçants, guitares élastiques et tubes à la pelle, les Londoniens ont façonné leur propre patrie pop. Bonne nouvelle : la citoyenneté s’y obtient sur un simple déhanchement.
Concert : le 7 juin à Paris (Point Ephémère)
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