Catherine Christer Hennix nous a quittés le 19 novembre dernier, à 75 ans. Elle aura produit une œuvre puissante et inspirante. Musique, mathématiques, poésie et philosophie : rares sont les domaines qui lui sont étrangers.
Catherine Christer Hennix, c’est un nom qui, pour la plupart, est inconnu. Pourtant, c’est une musicienne et artiste qui, une fois que l’on rencontre son travail, nous semble incontournable. Son œuvre est une chasse au trésor perpétuelle, croisant des figures emblématiques de Stockhausen à La Monte Young, de Henry Flynt à Arthur Russell, sans oublier Pandit Prân Nath.
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Née en 1948 en Suède, C.C. Hennix, bercée par le jazz, se forme auprès de Stockhausen. Elle nourrit un intérêt accru pour la musique électroacoustique, et devient, à la fin des années 1960, l’une des compositrices pionnières de musique drone générée par synthétiseurs.
Un éclectisme singulier
Il est vrai que des intérêts éclectiques enrichissent un art. C.C. Hennix sillonne et explore la chimie, la logique mathématique – devenant professeure au prestigieux SUNY New Paltz – la psychanalyse lacanienne et le râga, concept musical indien. De tout cela, émerge une quantité impressionnante d’écrits théoriques (entre autres, Poësy Matters and Other Matters, publié en deux volumes) et d’enregistrements de performances en solo ou en collaboration avec ses groupes, The Deontic Miracle, ou d’autres musiciens expérimentaux, comme Henry Flynt ou Werner Durand.
Sa recherche embrasse également les arts plastiques, et notamment le collectif d’artistes Fluxus dont elle se rapproche dans les années 1970. Elle collabore avec Dick Higgins et Allison Knowles. Mais, il faut attendre 2018 pour que les peintures et sculptures de C.C. Hennix soient exposées dans un musée, lors d’une rétrospective intitulée Traversée du fantasme, au Stedelijk Museum à Amsterdam. Ses productions plastiques révèlent la singularité et l’énigme de son langage. Des figures géométriques et des formules mathématiques composent méticuleusement ses tableaux.
C.C. Hennix, c’est aussi un foisonnement de concerts à travers le monde qui, par leur onirisme et leur sensible fragilité, ont probablement marqué à vie ceux qui ont eu la chance d’y assister. Que ce soit au Modern Museum de Stockholm, en 1976, où elle présente sa pièce The Electric Harpsichord, qu’à la Bourse du Commerce en 2022, où, seule à 74 ans, en fauteuil roulant, la tête couverte d’un foulard, devant son synthé, elle interprète Solo for Tamburium. C.C. Hennix nous enveloppe de son univers de rêves, de cauchemars et de romantisme. Ses sons nous hantent et nous enivrent, à jamais.
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