Le premier long brut et prometteur d’un émule d’Abdellatif Kechiche vient de sortir en DVD.
Le premier film en tant que cinéaste de Salim Kechiouche, acteur découvert par Gaël Morel, vu chez François Ozon et surtout Abdellatif Kechiche (un petit rôle dans La Vie d’Adèle puis celui de Tony dans les deux volets de Mektoub My Love), est un film noir, une fiction qu’on sent nourrie de ses expériences personnelles.
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Brûlures d’enfance
Yazid (Kechiouche lui-même) approche de la quarantaine. Il est acteur et sort d’une mauvaise passe (alcool, drogue), mais il est clean depuis six mois. Il tourne à nouveau dans un film. Il voit régulièrement son fils de 16 ans, qui vit avec sa mère. Mais elle n’a pas confiance en lui. Personne n’a vraiment confiance en lui. Yazid a heureusement trouvé l’amour avec une actrice, la belle Garance (Nora Arnezeder, étonnante) : le couple est sur le point de se marier et les futurs beaux-parents de Yazid sont adorables (Pascale Arbillot et Zinedine Soualem, toujours merveilleux·ses).
Sa grand-mère est son soleil, leurs rapports sont très complices. Tout va donc plutôt bien, jusqu’au jour où Yazid retrouve sa sœur et qu’elle lui demande de lui rendre la bague de leur mère défunte. Or Yazid l’a offerte à Garance en guise de cadeau de fiançailles. Tout à coup, tout semble s’écrouler pour lui, partagé entre son amour pour sa famille et la honte qui le retient d’en parler à Garance. Il craque et ses vieux démons le rattrapent.
Film noir sec, sans gras, court (1 h 13) et, malgré sa brièveté, sous influence kechichienne évidente (c’est toujours mieux de débuter avec Kechiche qu’avec Luc Besson, les films d’Hafsia Herzi en témoignent aussi), L’Enfant du paradis, titre évidemment ironique, décrit la descente aux enfers d’un enfant en deuil de son enfance (Kechiouche intègre à son récit, à intervalles réguliers, des images de films familiaux de sa propre enfance heureuse) et qui n’a jamais vraiment réussi à grandir. C’est du brut. Un beau premier film.
L’Enfant du paradis de Salim Kechiouche, avec lui-même, Nora Arnezeder, Hassan Alili (Fr., 2022, 1 h 13). Sorti en salle le 6 décembre 2023, puis en DVD le 4 juin 2024.
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