De l’orphelinat au succès tardif, le documentaire de la réalisatrice portugaise Ana Sofia Fonseca retrace la vie de l’icône cap-verdienne Cesária Évora – qui commente elle-même l’œuvre.
C’est sur des pieds nus que s’ouvre le documentaire, commentés par Cesária Évora elle-même, plaisantant sur leur valeur en fonction du nombre de verrues. Dans ce refus du soulier, il faut davantage voir celui des carcans (et de la douleur) qu’une coquetterie bohème… Mais en traînant, tel un fardeau qui sublimait pourtant son timbre, une dépression latente. Tout cela est rapporté par la réalisatrice portugaise Ana Sofia Fonseca via un dispositif formel original.
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Aux moult archives sont mêlés des témoignages de proches que l’on ne voit guère à l’écran, gloire étant rendue à la chanteuse, à sa maison de Mindelo et aux paysages cap-verdiens. Ayant exporté la morna aux quatre coins du monde, sa voix était aussi capable de répartie et d’humour grinçants. En témoigne notamment l’enregistrement d’un duo avec Compay Segundo. Roi en son pays, il ne s’attendait pas à être conquis par cette séductrice dont l’enfance brisée, passée à l’orphelinat, ne fut jamais totalement digérée. S’impose ici l’accomplissement d’une femme noire dont le tardif succès ne put lui faire oublier la précarité et un pesant patriarcat blanc.
Cesária Évora, la diva aux pieds nus d’Ana Sofia Fonseca (Por., 2022, 1 h 34). En salle le 29 novembre.
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