Étrangement frileux dans l’exploration du genre, le premier long de Stéphan Castang esquives ses ambitions au profit d’un récit qui reste très consensuel.
Un jour comme les autres et sans qu’il sache pourquoi, Vincent (Karim Leklou) devient la cible de son entourage. À son approche, les gens perdent la raison et se mette en quête de le tuer. Alors qu’il il tente de poursuivre une vie normale, le phénomène s’amplifie et commence à toucher des personnes qui lui sont proches. Il doit désormais fuir et changer de mode de vie.
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Présenté à la Semaine de La Critique, le premier long métrage de Stéphan Castang commence comme une comédie noire intrigante et laisse présager toute la charge subversive et politique d’un sujet cousin du film de zombie. Mais alors qu’au cœur de son récit, le film se situe à l’embranchement de plusieurs pistes prometteuses (notamment celle d’une communauté vivant à l’écart de la société), il choisit de s’aventurer vers la plus attendue (l’histoire d’amour) de façon extrêmement consensuelle. D’une marge un temps espéré, le récit est alors reconduit, par paresse ou habitude, sur les rails dramaturgiques attendus.
Vincent se prend au piège
Il devient alors particulièrement frappant de constater à quel point Vincent doit mourir porte le symptôme d’un certain cinéma de genre désireux de déborder d’un paysage français supposé plus normatif tout en se déportant, inévitablement, vers le centre. C’est-à-dire, ici, un territoire au fond très conservateur tapissé en arrière-plan par une ironie cocasse permanente, comme si son réalisateur ne croyait pas totalement à ce qu’il racontait, qu’il ne prenait pas totalement au sérieux son film.
Une impuissance que les récentes expérimentations fantastiques françaises porté par Le Règne animal et Acide ont su pourtant parfaitement déjouer précisément par l’usage du genre. Celui-ci devenant l’agent d’une certaine radicalité portée sur notre époque (le premier par une vibrante ode à la désobéissance, le second par une plongée d’une âpreté foudroyante dans une résistance face à l’apocalypse). Ne prônant pour sa part, ni une ouverture au monde ni un repli sur soi, Vincent doit mourir ne fait pas de choix, contourne la question que porte pourtant son enjeu initial et ne parvient à explorer aucune forme véritable, qu’elle soit esthétique ou politique.
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