Sur son nouvel album, tout en épure profonde, le chevronné pianiste américain réinterprète sept morceaux du légendaire explorateur sonore anglais, dont trois issus de “Music For Airports”, classique absolu de la musique ambient.
Traversant principalement le répertoire musical moderne des États-Unis, avec un attachement particulier pour le courant minimaliste, Bruce Brubaker – qui a fait ses gammes à la très renommée Julliard School de New York – s’est révélé l’un des pianistes majeurs de sa génération. En activité depuis le début des années 1990, sur scène et en studio, il compte aujourd’hui une discographie de belle ampleur à son actif. Son douzième album, Eno Piano, fait directement écho à Glass Piano (paru en 2015, déjà chez InFiné), contenant de splendides réappropriations de pièces de Philip Glass.
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Expérimentations savantes
Comme son titre le laisse assez bien deviner, ce disque est lui tout entier dédié à Brian Eno. Au cœur du projet, se trouve Music for Airports (1978), premier des quatre volumes de la séminale série ambient, via laquelle – dans le prolongement direct de son album Discreet Music (1975) – Eno a défini les contours à la fois théoriques et esthétiques de la musique ambient. Pour les sessions de cet enregistrement, Bruce Brubaker a utilisé non seulement un piano (Steinway), mais également des archets électromagnétiques et d’autres outils qui, interférant sur les cordes du piano, peuvent produire des sons ou des vibrations imprévisibles. Ce faisant, le musicien américain a réactivé à sa façon le processus expérimental, tout en savantes manipulations de bandes magnétiques et combinaisons de boucles, appliqué par son aîné anglais pour concevoir Music for Airports.
À rebours d’une terne duplication, trois des quatre morceaux de album sont ici revisités avec une parfaite acuité. Transmettant une sensibilité prospective dénuée d’effet ostentatoire, Brubaker semble atteindre la quintessence de la musique originelle et offre des (ré)interprétations dont la sobriété exigeante n’a d’égale que la ferveur vibrante. Seul a logiquement été omis le morceau 2/1, exempt de son de piano. Il est remplacé par trois autres (courts) morceaux d’Eno – The Chill Air, By This River et Emerald and Stone – provenant de diverses périodes. Extrait de l’album Small Craft On A Milk Sea (2010), Emerald and Stone génère en particulier un joyau superbement ciselé qui apporte à l’album une conclusion idéale.
Eno Piano (InFiné/Idol/Bigwax). Sortie le 10 novembre 2023.
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