Pour son premier long métrage, Géraldine Danon ambitionne de retracer l’incroyable vie de la “petite fiancée de l’Atlantique”.
Florence Artaud est la première gagnante, à seulement 33 ans, de la Route du Rhum, fille de bonne famille, prête à en découdre avec l’ordre bourgeois et patriarcal et rescapée miraculée d’un grave accident à 17 ans — un évènement traumatique qui forgera l’expression d’une détermination sans faille et un caractère téméraire.
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Coécrit avec Yann Queffélec, auteur notamment de La Mer et au-delà, récit consacré à la navigatrice, Flo souffre d’un flagrant syndrome de Stockholm, à peu près le même que celui à l’œuvre dans l’abject Blonde d’Andrew Dominik (biopic consacré à Marilyn Monroe). Ainsi le film, sous couvert de montrer la réalité d’une époque telle qu’elle était, celle d’un sexisme vulgaire, d’une misogynie banale, préfère embrasser ses bourreaux plutôt que s’en émanciper, se vautrant ainsi dans un déballage de clichés sur les rapports hommes-femmes exclusivement envisagés selon un système de conflits (la relation au père) ou de prédation (les hommes de sa vie).
Ensablé dans les stéréotypes
Se presse alors tout au long du film, une galerie de mâles alpha dont s’éprendra Florence, pantins à la virilité verrouillée. Quelque chose d’une logique anti-féministe semble piloter tous les choix de mise en scène d’un film qui ne cesse d’objectifier son personnage et perçoit sans doute dans la médiocrité de ces loups de mer, l’expression d’un sublime masculin cabossé. En s’en tenant à une représentation aussi primaire, le film confisque à son héroïne toute intériorité, comme il nous prive injustement d’un lien avec elle.
À la place, il nous propose un ersatz de femme, comme une image fantasmée, façonnée par et pour les hommes, suffisamment féminine pour leur plaire, suffisamment virile pour s’en faire accepter, en somme toute entière accordée à leur regard.
Flo de Géraldine Danon. Sortie en salles le 1er novembre 2023.
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