Toujours pas drôle, le jeu Amazon ne perd néanmoins pas son secret intérêt : un curieux spectacle de fausse connivence surjouée et malaisante entre vedettes.
La polémique Blanche Gardin est passée, les charités ont obtenu un triplement de leur enveloppe (150 000 euros désormais pour l’association victorieuse), circulez, le spectacle reprend, business as usual. Huit stars ont été rassemblées par Philippe Lacheau dans une édition spéciale Halloween (attention à la subtilité : LOL : qui crie sort) à décor de farces et attrapes horrifiques. Le jeu s’enrichit pour cette saison spéciale d’une petite particularité de circonstance : une fois par épisode, une alarme retentit signalant que les joueurs perdent, en plus du droit de rire, celui de crier de peur, ce à quoi leurs concurrents et la production s’échinent à les pousser. Mais dans les grandes lignes, l’effet est celui d’une répétition pépère du même, accentué par la présence exclusive d’anciens participants des trois premières saisons.
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Comme dans la saison 3, on retrouve donc moins le programme supposément hilarant promis par le concept (six heures de blagues improvisées et de spectacles comiques artisanaux, si drôles que résister au rire exigerait un effort surhumain – bien qu’on y parvienne sans peine devant son écran) qu’un autre spectacle plus pervers : celui de vedettes qui doivent moins se retenir de rire que se mettre en scène en train de s’y efforcer. Pourquoi ? Parce que ce qui est en jeu ici, ce n’est pas le salaire déjà empoché ou le chèque caritatif, mais surtout une sorte de concours insidieux de popularité. Il passe par des démonstrations surjouées de connivence, des jeux de flatteries (toutes les interviews insérées au montage consistent à désigner un autre participant comme “extrêmement dangereux”, c’est-à-dire suprêmement hilarant), voire de courtisanerie (curieux numéro d’Ahmed Sylla, plus rampant auprès de Philippe Lacheau, qu’un chroniqueur d’Hanouna, avec l’excuse commode du second degré – Sylla qu’on avait d’ailleurs vu défendre l’émission de façon particulièrement zélée au moment de la polémique Gardin) et des stratégies psychosociales de cour de lycée : la façon qu’a par exemple Camille Lellouche de systématiquement s’inviter dans les blagues des autres, chanter quand untel chante, rejoindre instantanément l’impro de tel autre, évoque fortement l’adolescent perpétuellement quémandeur d’attention.
Hypocrisie de tartuffes
Attirer les regards sur soi en feignant de ne pas les convoiter, faire jusqu’à la nausée l’étalage de ces complicités feintes… Ce spectacle en immersion dans une cour de récré peuplée d’adultes pourrait sembler attendrissant, mais produit plus volontiers une forme de malaise, dans cette saison où le souffle froid des déclarations de Gardin, bien qu’évidemment tabou, est en réalité omniprésent : on ne voit plus que l’empire du faux dans ces vaines gesticulations, couronnées de salaires mirobolants et tâchant de les faire oublier. Le semblant d’ambiance est cassé et ces vedettes pour la plupart aimées par ailleurs en ressortent un peu sapées de leur capital sympathie.
LOL : qui crie sort, sur Amazon Prime Video France
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