Génie du hip-hop, Kool Keith continue d’explorer dans toutes les directions. Critique et écoute.
Kool Keith a beau avoir livré une des œuvres rap les plus conséquentes de son époque, des Ultramagnetic MC’s à Dr Octagon en passant par une série d’albums-concepts sortis du cerveau de ses alias (Black Elvis, Tashan Dorrsett…), il a encore de la ressource, comme en atteste cet album à l’originalité vicieuse.
Débordant d’idées, Love & Danger est un bain de jouvence qui s’extirpe des préoccupations rapologiques de masse pour aller chercher sa sève bien au-delà des classiques attendus. Electro minimale, vapeurs soul, rap contact sévère ou dirty south baisé, tout semble ici frappé par une grâce iconoclaste qui accouche de refrains à tiroirs, de codas impromptues, de passerelles magiques sur lesquels s’invitent Keith Murray, IMO ou le sudiste Mr Sche, qui pimentent les fantasmes lunatiques du Black Elvis.
Une richesse que l’on doit aussi aux architectures fascinantes du Français DJ Junkaz Lou, qui produit l’affaire d’un bout à l’autre. Un album enthousiasmant, déviant, excentrique, judicieusement refermé par Goodbye Rap, commentaire amer sur une culture rap devenue figée, conformiste, rouillée.