Dans “Commence par raconter”, l’Américaine retrace une vie marquée par l’inceste et la violence d’un pays. Un objet étrange et fascinant.
Depuis le début de sa carrière, Meg Remy fait tout ce qu’elle peut pour éviter qu’on lui colle une étiquette. Les albums qu’elle enregistre depuis 2007 sous le nom d’U.S. Girls sont tous très différents et explorent une pop protéiforme aux influences multiples. Au fil des années, elle a aussi réalisé ses propres clips, développé un projet de pièce de théâtre, expérimenté le collage artistique… Et signé, en 2019, un contrat d’édition pour son premier livre Commence par raconter, traduit aujourd’hui en français et marqué par ce même fourmillement créatif.
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On y trouve des fragments de textes, des conversations téléphoniques, des citations d’auteur·rices, des notes de bas de page, des dessins de l’artiste américain Logan T. Sibrel…
Dire l’indicible
Ce qui pourrait être perçu comme un tâtonnement stylistique est en fait une manière complexe et passionnante de raconter la difficulté d’écrire l’indicible et de nommer la violence. Dans le labyrinthe de ce court texte, Meg Remy explore aussi bien l’inceste dont elle a été la victime que la violence d’une Amérique marquée par un capitalisme agressif.
Elle décrit sans transition et avec une certaine nonchalance ses souvenirs d’une marque de T-shirts sexistes qu’elle voyait partout étant enfant, son séjour à l’hôpital après avoir été percutée par une camionnette, ses premières règles, ses trois avortements, son crush pour un fan des Grateful Dead qui finira tué dans un accident de quad.
Les citations qu’elle ajoute en marge ne sont jamais gratuites, elles explicitent ce qu’elle préfère ne pas écrire et viennent confirmer ou infirmer ce qu’elle raconte. Elles ajoutent aussi, souvent, une pointe d’ironie et d’humour noir.
Commence par raconter est un texte dynamique, de ces livres avec lesquels on entre en discussion. Mais il reste aussi, comme toute l’œuvre de Meg Remy, un peu mystérieux et insaisissable. Et c’est ce qui fait son intérêt.
Commence par raconter de Meg Remy (Premier Parallèle), traduit de l’anglais (États-Unis) par Cécile Dutheil de la Rochère, avec les dessins de Logan T. Sibrel, 132 p., 14 €. En librairie.
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