Pour les 10 ans de Cheek, une personnalité féministe revient chaque jour sur sa décennie. Aujourd’hui, Jennifer Padjemi.
Ancienne collaboratrice de Cheek, Jennifer Padjemi a créé le podcast Miroir Miroir en 2018 et publié deux essais chez Stock: Féminismes et pop culture en 2021 et Selfie, comment le capitalisme contrôle nos corps, en 2023. En 2022, elle contribuait aussi à l’ouvrage collectif paru chez Rageot Nos Identités, celles qu’on nous impose et celles qu’on cache, qui rassemblait plusieurs voix autour des questions d’identité et de diversité. Elle survole avec nous cette décennie féministe qu’elle a observée sans filtre.
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Quelles avancées féministes t’ont le plus marquée?
La dépénalisation de l’avortement au Bénin depuis 2021. C’est une grosse avancée pour le continent, où de nombreux pays le condamnent encore fermement. C’est l’illustration d’un combat qui doit être global.
Et quels reculs?
Dans les reculs, il y a évidement l’abrogation de l’arrêt de Roe vs Wade aux États-Unis, qui laisse la liberté aux états de choisir leur position face à l’avortement et donc, de l’interdire. Quand un pays avance, l’autre recule. Plus globalement, cette nouvelle a précisé une situation catastrophique sur les droits reproductifs qui laisse de côté les personnes les plus précaires et marginalisées. La question est de savoir qui a le droit de disposer de son corps et comment, au sein d’une société qui contrôle tout.
Quel sont tes film·s ou séries féministe(s) de la décennie?
En séries, je dirais I May Destroy You, Orange is the new black, Fleabag, Shrill, Better Things et tant d’autres. En films, The Lost Daughter, Saint Omer, L’Événement, Obvious Child, Queens, Roma, The Woman King, Frances Ha.
Et ton / tes livres féministe(s) de la décennie?
Impossible pour moi de choisir.
Quelles personnalités féministes t’ont le plus inspiré·e?
Tarana Burke, qui est à l’origine du mouvement #MeToo et injustement invisibilisée.
Pour toi, quel est le mot de cette décennie féministe?
Je ne préfère pas en choisir un car je pense que c’est ainsi qu’on crée des mots-valises qui perdent rapidement leur sens politique, puis sont récupérés par les marques et institutions.
Quels sont les défis féministes à relever ces 10 prochaines années?
Tous les défis. Sortir d’un féminisme libéral, de hashtags et mots-valises, très occidentalisé qui centre tout sur l’égalité entre hommes et femmes.
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