Publié en 1984, ce roman doux-amer du grand écrivain américain fait l’anatomie d’une lente chute sur trente ans : celle d’un couple et d’une époque.
Dans le New York de la fin des années 1940, Michael et Lucy sont jeunes, étudiant·es, amoureux·ses, et se marient très vite. Il veut devenir poète et dramaturge, et de tout son cœur elle souhaite l’aider. Elle a beaucoup d’argent car sa famille en a toujours eu, il espère faire fortune grâce à son talent. Et leur couple va se briser contre la réalité.
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Sorti en 1984 aux États-Unis, ce roman de Richard Yates (1926-1992), jamais encore traduit en français, est une peinture à la fois mélancolique et critique des Trente Glorieuses. Et, comme le souligne la traductrice Aline Azulay-Pacvoň dans sa préface, il séduit par “la justesse de cette prose qui refuse absolument – presque obstinément – les artifices de la formule toute faite ou du lyrisme cryptique”.
Un regard d’entomologiste
Observant sur près de trente ans les vies de Michael et de Lucy ainsi que celles de leurs ami·es, Yates épingle en entomologiste ces jeunes gens décidés à réussir en tant qu’artistes, coûte que coûte. L’écrivain, redécouvert avec La Fenêtre panoramique, est particulièrement pertinent dans la construction de son personnage féminin. Talentueuse et intelligente, Lucy est ligotée par les injonctions d’une société qui lui dicte son rôle d’épouse, de mère, d’amoureuse. Quelles que soient ses tentatives d’émancipation, elle se cogne toujours à l’arrogance des hommes, entravée par l’obligation implicite de ne surtout pas leur faire de l’ombre.
Jeunes Cœurs éprouvés de Richard Yates (Robert Laffont/“Pavillons”), traduit de l’anglais (États-Unis) par Aline Azoulay-Pacvoň, 448 p., 22,50 €. En librairie.
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