Après sept ans d’absence, l’auteur de “Patience” et “Ghost World” signe une grande œuvre en s’appuyant sur ce qu’il connaît le mieux : la bande dessinée et les sentiments.
Une représentation d’Hamlet, la peste, Little Richard, la guerre de Sécession, les tranchées de Verdun ou le bombardement d’Hiroshima… dès la page des crédits, Daniel Clowes multiplie les allusions et les clins d’œil historiques. Déconcertante de prime abord, cette mosaïque de cases amorce l’idée centrale de Monica, celle d’un récit fragmenté qui capte plusieurs époques.
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Neuf histoires aux paginations très différentes se succèdent ici, racontant la vie de l’héroïne éponyme, née d’un père mystérieux et élevée par une mère hippie qui finit par l’abandonner. Pour structurer cet ensemble impressionnant par son ampleur narrative, l’auteur américain a opté pour des articulations parfois logiques, souvent intrigantes.
Un grand roman graphique américain
Grand connaisseur de l’histoire de la bande dessinée, Clowes se livre à des exercices de style virtuoses qui, plutôt que se révéler gratuits, renforcent le vertige émotionnel provoqué par cette œuvre hybride.
Il emprunte ainsi aux codes de plusieurs genres tels le comics de guerre, la romance ou l’horreur – The Glow infernal, nouvelle à la Lovecraft – pour dresser le portrait de sa protagoniste, enfant des sixties qui apprend à surmonter le deuil et, dans sa quête d’identité, intègre une secte, quitte à perdre la raison.
Grand roman graphique américain, Monica constitue le nouveau sommet d’un auteur à la bibliographie pourtant déjà précieuse, de Ghost World à Patience. Il y dose comme jamais étrangeté et mélancolie, fantaisie et coups au cœur.
Monica de Daniel Clowes (Delcourt), traduit de l’anglais (États-Unis) par Jacques Binsztok, 108 p., 21,90 €. En librairie le 2 novembre.
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