Le président du Conseil italien a été profondément sanctionné cette nuit, à l’issue du référendum sur la réforme constitutionnelle.
Les Italiens ont désavoué leur chef du gouvernement en votant massivement « non » au référendum portant sur la réforme constitutionnelle, ce dimanche 4 décembre. Matteo Renzi, qui en avait fait un enjeu personnel, a reconnu son échec et a donc présenté sa démission dans la foulée.
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« Mon expérience de chef de gouvernement s’arrête là », a-t-il déclaré, reconnaissant que « le non a gagné de manière extraordinairement nette (…) nous avons donné aux Italiens l’opportunité de changer les choses à travers une proposition simple et claire. Nous n’y sommes pas parvenus. J’assume toute la responsabilité de la défaite. J’ai perdu et je le dis à voix haute même si c’est avec la gorge serrée », a ajouté le chef de fil du centre gauche italien quelque peu ému.
“Je voulais éliminer les trop nombreux fauteuils de la politique italienne, ceux du Sénat, des conseils provinciaux, etc. Je n’ai pas réussi. En conséquence le premier fauteuil qui saute, c’est le mien. Demain après-midi, je réunirai le Conseil des ministres puis je monterai au Quirinal pour remettre ma démission au président de la République.”
Sergio Mattarella aura le le choix entre confier à une autre figure de la majorité le soin de former un nouveau gouvernement, ou bien de convoquer des élections législatives anticipées.
Le « non » l’emporte à environ 60 % des voix
Matteo Renzi s’était engagé quelques mois plus tôt à démissionner en cas de rejet. Une décision d’autant plus nécessaire étant donné les résultats : les électeurs italiens ont été près de 60% à rejeter le projet pour une participation estimée à 68 %, selon les premières estimations. Malgré une liste de réformes adoptées, le pays est encore profondément frappé par la crise économique et le chômage qui va avec. L’Italie est le deuxième pays le plus endetté de la zone euro après la Grèce.
« Le vent de droite qui a soufflé en Europe et aux Etats-Unis ces derniers mois, vient de s’abattre sur l’Italie », pouvait-on lire dans plusieurs journaux italiens ce matin, comme le note Libération. La démission du chef du gouvernement ouvre la porte à l’incertitude politique. « Si le ‘non’ l’emporte, nous irons aux élections », a assuré à plusieurs reprises Beppe Grillo, le chef du parti populiste, le Mouvement 5 étoiles (M5S), qui a, dès hier soir, réclamé la dissolution rapide du Parlement et la convocation d’élections anticipées. Le parti de l’ex-humoriste, récemment accusé d’être une anti-chambre de la propagande pro-russe, ne cesse en tout cas de grimper dans les sondages (près de 30% des électeurs).
Quel avenir pour Matteo Renzi ?
La victoire du « non » pose également des questions sur le plan économique, puisqu’en Italie, on craint l’effondrement de la troisième banque du pays, la Banca Monte dei Paschi di Siena, l’un des établissements bancaires les plus fragiles de la zone euro qui nécessite de lever des capitaux au plus vite. Or le risque d’instabilité qui vient de s’ouvrir pourrait la décourager.
Premier chef d’Etat a s’être exprimé à ce sujet, François Hollande a pris acte « avec respect » de la démission de Matteo Renzi. L’Elysée « souhaite que l’Italie trouve en elle-même les ressorts pour surmonter cette situation », peut-on lire dans un communiqué. Nul ne sait pour l’instant si le chef du gouvernement, à 41 ans, désire quitter totalement la politique. Pour le moment, il reste en tout cas le secrétaire national du parti démocrate.
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