Au croisement de la techno et de la pop, la performeuse australienne, produite par Marlon Magnée de La Femme, fait dans l’audacieux maximalisme.
Elle est née au bord de l’océan Pacifique, près de Sydney, a fait ses années lycée à la Newtown High School of the Performing Arts qui forme des futur·es danseur·ses, chanteur·ses et acteur·rices. Dès sa majorité, Sam Quealy foule les pistes de danse hongkongaises, philippines ou californiennes avant de s’illustrer dans le cabaret parisien et d’intégrer la scène voguing où elle excelle dans les catégories “Face” (qui met en valeur les traits du visage) et “Sex Siren” (qui demande aux performeur·ses d’aguicher le jury).
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C’est lors des premières parties de La Femme, dont elle a signé plusieurs chorégraphies, que l’on a pu admirer son personnage ultra-sophistiqué, modelé au sein d’un environnement ballroom.
Dans le sillage de Madonna ou de Marlene Dietrich
S’inscrivant dans le sillage de Madonna ou de Marlene Dietrich, elle se réclame également de l’héritage d’un autre artiste australien, le regretté Leigh Bowery, figure mythique de l’underground londonien et d’une esthétique aussi queer que punk. Sur la pochette de Blonde Venus, les pupilles absentes et la bouche surdimensionnée, glossée à l’excès de Sam Quealy sont éloquentes.
Après le prometteur EP Nightshade (2022), Sam Quealy persiste dans une veine electro hybride mixant sans scrupules house, gabber, techno, disco, new wave, eurodance. Le tout passé à la moulinette pop par un attentif Marlon Magnée, qui veille à la bonne digestion de l’ensemble, appréciable ailleurs que sur le dancefloor. Même s’il est fortement recommandé, via les tubesques Follow the Night et Klepto.
On retrouve ici les crescendos chers à Marlon Magnée, une aura mélodramatique qui divertit autant qu’elle célèbre les vertus de la fête
Crépusculaires (Seven Swords, Blood Rip, Sad Summer Daze), sexy (Watch Me Now, Valentine, Yum), ludiques (Groovy Jungle, Cluedo), chargés d’empowerment (Big Cat), acides dans tous les sens du terme, les morceaux de Blonde Venus ne s’embarrassent pas d’autocensure, s’autorisant Auto-Tune et saxophone, tel celui de Cocain Hollywood où Quealy ausculte les irrésistibles méandres de la fame.
On retrouve ici les crescendos chers à Marlon Magnée, une aura mélodramatique qui divertit autant qu’elle célèbre les vertus de la fête : exaltation des corps et des cœurs, échappatoire d’une société inepte. “Everyone is so alienated/Backdated/And dictated”, rappelle Sam Quealy dans Follow the Night, l’une des quatorze démonstrations libertaires de cet antidote nommé Blonde Venus.
Blonde Venus (Music and Craft/Headroom Records/Yoyaku). Sortie le 27 octobre.
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