Retour inattendu et triomphal de Dexys Midnight Runners, toujours dingos. Critique et écoute.
Aujourd’hui, Kevin Rowland n’est pas du genre à se laisser mouvoir par de viles questions d’argent, même si ce fut le cas durant ses jours d’addict. La reformation des fabuleux Dexys (abandonnés les “Midnight Runners”, nom d’un speed jugé trop juvénile) n’a rien de cosmétique ou fiscal et complète l’oeuvre du groupe spectaculaire qui présida aux historiques albums Searching for the Young Soul Rebels et Too-Rye-Ay (propulsé par son tube mondial Come on Eileen).
Il aura fallu vingt-sept ans pour que ce nouvel album voit le jour. L’architecte n’est autre que Mick Talbot, ancien compère de Paul Weller au sein de Style Council et membre de la première formule des Dexys. Deux autres grognards du groupe, Big Jimmy Paterson et Pete Williams, sont aussi de la partie pour cet album parfaitement maitrisé, élégant et revigorant.
L’âme celte, céleste et soul des beaux jours reste à l’ordre du jour de ces onze chansons accroche-cœur dès le piano d’ouverture de Now. Depuis son dernier album solo provocateur chez Creation, Rowland sait qu’il lui fallait devenir adulte pour survivre : c’est chose faite ici et aucune faute de goût ni note fausse ne sont à déplorer. Les chansons aux titres laconiques (Me, You, Lost) s’égrènent au fil des désillusions sentimentales dont elles sont les fruits amers même quand elles laissent Free sur un air de fiesta rythm’n’blues. L’accueil enthousiaste réservé à l’album et au retour en grâce de Rowland en Angleterre s’avère largement justifié – tout comme la longue attente.