Dans un seul-en-scène endiablé, Ahmed Tobasi raconte son histoire, d’un camp de réfugié·es en Cisjordanie jusqu’aux scènes européennes. Une occasion de découvrir le travail du Freedom Theatre, une institution en Palestine.
C’est une histoire à cheval entre le récit d’aventure et le roman d’apprentissage, une histoire romanesque à souhait. Son protagoniste se nomme Ahmed Tobasi, un jeune Palestinien originaire de Cisjordanie, territoire sous occupation israélienne. Il grandit là, dans un camp de réfugié·es, dans la ville de Jénine, rongé par la précarité, secoué par la violence. À 17 ans, il se fait arrêter pour avoir participé à une rébellion contre des soldats israéliens, ce qui fait de lui un djihadiste. Ainsi, Ahmed Tobasi passer quatre ans en prison – un temps infini pour un ado déboussolé, une incarcération qui aurait dû le destiner au ressentiment. Mais à sa libération, contre toute attente, il fera la découverte du spectacle vivant, par l’intermédiaire du Freedom Theatre, une structure formée à Jénine, où il entre par hasard, un après-midi de désœuvrement.
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L’art comme une forme de résistance
Le voilà sur les planches, où il excelle. Bientôt, il aura le droit de partir en Norvège ; il y rencontrera le succès. En 2013, il décide malgré tout de rentrer en Cisjordanie pour collaborer à nouveau avec le Freedom Theatre dont il est aujourd’hui le directeur artistique. Ce seul-en-scène, écrit par le dramaturge Hassan Abdulrazzak, raconte son histoire sur un rythme endiablé et avec un humour salvateur. Ces artistes, qui portent la voix des jeunes réfugié·es palestinien·nes, donnent également l’occasion de découvrir l’histoire du Freedom Theatre pour qui l’art est une forme de résistance.
Le 3 juillet dernier, le directeur du théâtre, Mustafa Sheta, a publié un texte sur le web pour raconter la dernière attaque israélienne sur Jénine et la destruction de leur établissement. Ce dernier écrit : “Les bâtiments peuvent s’effondrer, les voitures peuvent être réduites à des débris, d’innombrables individus peuvent être incarcérés, blessés ou même devenir des martyrs. Mais ces actes
ne serviront qu’à faire naître une nouvelle génération qui portera le flambeau de la résistance.” And Here I Am n’a jamais été autant d’actualité.
And Here I Am, mise en scène Zoe Lafferty, texte Hassan Abdulrazzak, au Glob Théâtre, Bordeaux, les 13 et 14 octobre à 21 h.
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