Pour les 10 ans de Cheek, une personnalité féministe revient chaque jour sur sa décennie. Aujourd’hui, Axelle Jah Njiké.
Autrice et militante féministe franco-camerounaise, Axelle Jah Njiké, à qui l’on doit notamment les fantastiques podcasts Me, My Sexe and I et La Fille sur le canapé, explore depuis plusieurs années les questions de transmission et aborde aussi avec une jubilation et une énergie uniques celles qui sont liées à l’intime et à l’identité, comme dans son premier ouvrage, Journal intime d’une féministe (noire) (Éd. Au Diable Vauvert), paru en mars 2022. À l’occasion des 10 ans de Cheek, elle nous a livré sa vision de la décennie féministe passée.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Quelles avancées féministes t’ont le plus marquée?
Forcément #Metoo à titre individuel et collectif. C’est toujours une intense émotion pour moi de savoir que ce cri de ralliement entre personnes victimes est l’idée d’une femme noire, Tarana Burke. Et ça reste vertigineux de nous savoir si nombreuses, mais aussi galvanisant car l’on n’est plus seules.
Et quels reculs?
Par instinct de survie, j’ai pris l’habitude de voir le verre à moitié plein. Je préfère rester focalisée sur ce qui s’améliore, et œuvrer à ce que je souhaite voir advenir plutôt que d’énumérer les choses à propos desquelles j’ai le sentiment qu’on patine encore, et franchement, ça n’est pas ce qui manque!
Quel est ton / tes film·s féministe(s) de la décennie?
The-Forty-Year-Old-Version de Rhada Blank sur Netflix, Rafiki de Wanuri Kahiu, et ce ne sont pas des films mais impossible pour moi de ne pas les citer: Nanette de Hannah Gadsby, et les séries Unbelievable de Susannah Grant et I May Destroy You de Michaela Coel. Sans oublier Sex Education.
Et ton / tes livres féministe(s) de la décennie?
Rêver l’obscur de Starhawk, Peau de Dorothy Allison, Foulards et Hymens de Mona Eltahawy, Les Putes voilées n’iront jamais au paradis de Chahdortt Djavann, Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe de Chimamanda Ngozi Adichie, Une Farouche liberté de Gisèle Halimi & Annick Cojean, Le Consentement de Vanessa Springora. J’ai un nom de Chanel Miller, Les Vilaines de Camila Sosa Villada, et Le Rire des déesses de Ananda Devi.
Quelles personnalités féministes t’ont le plus inspirée?
Tarana Burke, Chimamanda Ngozi Adichie, Malala Yousafzai, Nadia Murad, le collectif féministe chilien Las Tesis et leurs créations artistiques et militantes sur les violences faites aux femmes et au droit à l’avortement, l’inoxydable Eve Ensler, et bien évidemment Christine Schuler Deschryver directrice de la cité de la Joie en RDC, où l’on “transforme la peine en pouvoir”.
Pour toi, quel est le mot de cette décennie féministe?
Ensemble. Ensemble nous sommes plus fortes.
Quels sont les défis féministes à relever ces 10 prochaines années?
Continuer à cultiver une approche incarnée du féminisme allant de la réappropriation de nos corps charnels à la transmission du féminin en termes de jubilation, de puissance et de joie. L’incarner en termes concrets afin d’ancrer, enraciner nos conquêtes et veiller à ce qu’elles perdurent car nous nous condamnons sinon à une perpétuelle répétition.
{"type":"Banniere-Basse"}