Après une poignée d’albums frustrants, les Dandy Warhols gagnent en majesté et en langueur sous un ciel couvert. Ils jouent à Rock en Seine. Critique, rencontre et écoute.
Longtemps, les Dandy Warhols incarnèrent une certaine idée insouciante, hédoniste et donc forcément un peu cartoonesque du groupe de rock. Un groupe savamment décoiffé, qui n’hésite pas à jouer torse nu sur scène – Zia, la claviériste, incluse –, mené par un leader au physique de statue de Michel-Ange, Dans la sympathique guéguerre qui les opposait à Brian Jonestown Massacre, qui tenait le rôle de poète maudit et intransigeant, les Dandy Warhols étaient les jeunes premiers à qui tout sourit, de leur signature chez une major à leur facilité à mettre sur toutes les lèvres leurs pop-songs nonchalantes. “La musique est l’assemblage d’une émotion et d’un accident, explique Courtney Taylor-Taylor. Si tu n’es pas Mozart, tu dois tâtonner jusqu’à ce que tes mains produisent un son qui t’ébahisse.”
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Après trois albums prodigieux, le groupe de Portland (Oregon) s’est lancé dans une série d’expérimentations, aux ambitions synthétiques souvent brouillonnes, contenant pourtant quelques trésors. Cabossés par presque vingt ans de carrière et d’excès, les Dandy Warhols s’aventurent ici sur des chemins bringuebalants, dans le sillage d’une fête foraine aux dorures fanées, nimbée de brouillard. La voix est un brin éraillée, les guitares crânent. Loin de cette réputation de poseurs écervelés qui les poursuit injustement, c’est l’album de quatre musiciens qui s’acceptent sans fard, aussi à l’aise avec leurs failles à nu qu’avec leur frivolité et leur assurance. “Je nous trouve géniaux, sourit Courtney. Si je devais choisir dix disques à emmener sur une île déserte, je prendrais nos sept albums, nos deux albums de remixes… et Abbey Road pour compléter.” L’instant d’après, le contraste est saisissant : “Ma tendance naturelle, c’est l’austérité, l’ombre. L’écriture est une thérapie contre les moments de doute, toutes ces fois où je me ridiculise en public. Notre image est un malentendu, mais si on y réfléchit bien tout le monde est incompris.”
Le lendemain de cette rencontre, on le retrouve en duo improvisé avec le batteur Brent DeBoer, qui est aussi son cousin. Tous les deux armés de simples guitares acoustiques, ils interprètent une sélection de reprises (Stones, Beatles, Dylan, Brian Jonestown Massacre) et de morceaux de leur propre répertoire en version ralentie. “Et tu m’appartiens, susurre Courtney. Reste ici dans mes bras.” Face à ces mélodies magnétiques, toute résistance est vaine.
concert le 26 août à Saint- Cloud (Rock en Seine).
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