Vincent Dedienne et Suzanne de Baecque sont irrésistibles en mariés de fantaisie au service des impayables tribulations imaginées par l’orfèvre Eugène Labiche.
On ne saura jamais ce qui est passé dans la caboche du canasson de Fadinard pour qu’il se pique de brouter le chapeau de paille d’Italie d’une coquette infidèle cachée dans un buisson du bois de Boulogne. Labiche prend prétexte de l’incident pour en faire l’élément déclencheur d’un vaudeville catastrophe où tout s’effondre à la manière d’un alignement de dominos. Le jour de son mariage, notre héros (l’impeccable Vincent Dedienne) doit donc retrouver dans Paris un chapeau de paille identique, alors que sa future (la drolatique Suzanne de Baecque) débarque de province pour la noce suivie par toute sa famille.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Feu d’artifices
Aux commandes de cette mécanique d’horlogerie apte à joyeusement transformer un jour de noces en cauchemar, le metteur en scène Alain Françon reste fidèle à cette comédie émaillée de chansons écrites par Labiche en s’associant pour les musiques au groupe Feu! Chatterton qui interprète ses compositions electro en live. Mariage de la carpe et du lapin ? La belle idée change singulièrement la donne pour débusquer chez Labiche un séduisant côté pop. Cerise sur le gâteau, ils finissent par oser un délicieux clin d’œil qui fait frémir la salle, en s’amusant à pasticher Quand on arrive en ville de Starmania.
Voilà donc une galerie de personnages tous plus farfelus les uns que les autres qui s’agitent dans un bocal où la pression ne cesse de grimper. Le diable étant dans les détails, on ne s’étonne pas que ce soit une femme, l’actrice Anne Benoît, qui incarne avec génie le père de l’épousée chaussé d’une paire de vernis trop serrés. Le quiproquo d’un Fadinard pris pour un ténor italien offre un champ libre à Vincent Dedienne pour nous faire mourir de rire tandis qu’une épingle plantée dans le dos de la robe de la mariée devient une bénédiction pour le public quand Suzanne de Baecque joue de son corps gigotant comme d’une figure féminine du fameux Valentin le Désossé du French cancan. Tout se joue dans les résonances d’un fil scénaristique tendu à l’extrême. Chapeau bas à l’équipe qui en sortant ce vaudeville des cartons le transforme en un feu d’artifice brillant de tant d’idées neuves.
Un chapeau de paille d’Italie d’Eugène Labiche, mise en scène Alain Françon, musique Feu! Chatterton. Jusqu’au 31 décembre, Théâtre de la Porte Saint-Martin, Paris
{"type":"Banniere-Basse"}