Après une double mixtape thématisée Covid (“Cluster”) et plusieurs singles, l’ex-chanteur de Housse de Racket publie enfin son premier album solo basé sur le rythme, les loops et les appels du pied aux musiques électroniques.
Si Pierre Leroux nous avait habitué·es à expérimenter des formes traditionnelles de songwriting sur le premier album de Housse de Racket (Forty Love, 2008),le tandem fondé avec son acolyte et batteur Victor Le Masne, puis plus complexes sur Alesia (2011) produit par Zdar et The Tourist (2015), son premier disque solo (quinze ans après ses débuts) renverse complètement la table. Plutôt qu’une architecture pop ou rock, Discothèque lui préfère une esthétique de courbes : la forme sinusoïdale (le bien nommé Montée/Descente), les loops (J.S.Q.T.S., Martha), les courbes exponentielles (le build-up infini de Boucle et Dinosaure).
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Faire prévaloir le rythme plutôt que la mélodie : Pierre III s’amuse de la contrainte qu’il s’impose et revêt sa blouse de laborantin. Échantillonnant le son d’époques révolues (house de Chicago, première vague French Touch, la no-wave new-yorkaise d’ESG), Discothèque est un véritable terrain de jeu. Dans la langue de Molière, il recréé l’euphorie et l’hypnose provoquée par les 144 répétitions d’Around The World des Daft Punk. Parce qu’au-delà d’être un album résolument méta sur la fabrication des musiques électroniques, et ludique dans sa manière de trouver la bonne formule qui picote la langue et donne envie de la répéter jusqu’à épuisement, Discothèque est aussi un fantasme.
Récréatif
À l’instar du récent Playing Robots into Heaven de James Blake, poussant le dubstep dans de nouveaux retranchements, ou du dernier Volcano de Jungle qui semble n’exister que dans un rêve fiévreux de piste de danse, le premier album solo de Pierre III n’est qu’une image rémanente de ce à quoi ressemble une soirée – et par extension la musique – dans un club. Désormais quadragénaire et plus vraiment adepte des folles nuits parisiennes, il courait fatalement le risque de pondre un disque complètement déconnecté de son sujet.
Et pourtant, en alliant un certain goût pour la désuétude réflexive (le mot Discothèque préféré à club) des sonorités et l’amusement communicatif des productions, qui tenter de recréer l’air du temps hédoniste et les sensations de nos premières écoutes du Discovery de Daft Punk (le final de Contact, hommage criant), les dix morceaux de Discothèque forment une collection humble, gentiment régressive et avant toute chose récréative.
Discothèque (Pierre III/Alter K). Sortie digitale le 6 octobre. Sortie physique le 1er décembre.
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