Le réalisateur belge Claude Schmitz revient avec “L’Autre Laurens”, une enquête à la croisée des genres présentée à la Quinzaine des cinéastes 2023.
Certains plans de L’Autre Laurens semblent venir d’une autre planète. Une planète aux couleurs rehaussées et saturées. Une planète à la combustion lente où les corps se fondent dans des architectures futuristes. Cette image irréelle, parfois somptueuse, est le symptôme du film, son échappée à la fois lunaire et morbide. Sa schizophrénie, en somme.
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L’Autre Laurens n’est pas seulement à la croisée des chemins des univers et des genres, entre polar, série B, comédie d’action, et western. Il pense également ses collisions, en quête d’identité. Aki Kaurismäki en flirt avec Chuck Norris, c’est possible ?
La fin d’un monde
Gabriel Laurens (joué par Olivier Rabourdin, à l’apathie impeccable, à l’affiche également de L’Été dernier de Catherine Breillat) est un détective privé. Sa nièce (la jeune et magnétique Louise Leroy) débarque un jour et lui demande d’enquêter sur la mort de son père, le frère jumeau de Gabriel, l’autre Laurens. Le duo s’enfonce alors dans une enquête qui ressemble davantage à un gros fantasme tissé d’imaginaires multiples. Quand, dans une discothèque, Laurens lève les yeux vers la télévision, il y voit un avion s’enfoncer dans le World Trade Center. De même que cette copie jumelle de la Maison-Blanche est en fait le château de Rastignac en Dordogne.
Cet imaginaire américain qui infuse le film, son moteur, est aussi un vieux modèle qui s’écroule. Un vieux monde qui agonise devant la jeunesse. La blondeur platine de la nièce s’incruste dans le film comme une flamme éclairerait un thriller néo-noir. Cette tête blonde pourrait être toute entière cette autre planète, une nouvelle lune jaune autour de laquelle virevoltent des narco-stupéfiants, des bikers, des gangsters. Cernée par les vieilles figures poussiéreuses et patriarcales, la petite môme céleste les efface une à une du film. C’est la trajectoire plastique la plus puissante du film qui, s’il semble parfois s’oublier et s’étirer sans raison (mais après tout, à quoi ressemblerait un film paumé dans le cosmos ?), fait régner la jeune femme, souveraine, libre, dévoreuse d’anciens mondes fétides.
L’Autre Laurens de Claude Schmitz, en salle le 4 octobre.
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