Une amitié entre deux adolescents pour dire la violence de l’Amérique puritaine, dans un roman de James Kirkwood publié en 1968 et enfin traduit en France.
Un lieu : le lycée huppé de Gilford, isolé dans la campagne du New Hampshire. Trois personnages : Peter et Jordan, pensionnaires de 18 ans, et M. Hoyt, le directeur, surnommé “le révérend” à cause de son austérité. Autour, le microcosme scolaire, copains et profs. Plus lointains, les parents. En toile de fond, l’Amérique des années 1960, son puritanisme et ses contradictions. Tout est en place pour que le drame s’accomplisse.
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Depuis la prison où il est incarcéré pour meurtre, Peter rédige ses souvenirs. Rares sont les romans à la machinerie aussi implacable que ce Good Time/Bad Time, publié en 1968 aux Etats-Unis et traduit pour la première fois en français. Son auteur, né en en 1924 et mort en 1989, était un romancier et scénariste à l’homosexualité revendiquée.
La machine à broyer
Alors que l’automne s’installe dans le décor verdoyant du New Hampshire, il prend son temps pour mettre en place les subtils rouages du piège qui va broyer ses personnages. Il se glisse dans la voix de cet ado atterri à Gilford par hasard et qui, anecdote après anecdote, nous raconte l’enchaînement irréductible des faits.
Fils d’un acteur raté et alcoolique, Peter ne se sent pas à sa place dans ce lycée, d’autant que le directeur l’a pris en grippe puisqu’il représente à ses yeux le monde dépravé d’Hollywood. Mais Peter se révèle brillant et le lycée, pour tenir son rang dans la rude compétition que se livrent les établissements de la région, a besoin de lui.
La littérature est partout
Alors arrive le troublant Jordan, au charme énigmatique. Un sentiment exclusif unit les deux garçons, dans lequel le directeur ne voit que de la perversion, projetant sur eux ses propres fantasmes inavoués.
Le roman tient tout entier sur la justesse de l’analyse psychologique et les mille détails que Kirkwood agence jusqu’au drame final : l’origine sociale, les relations familiales, les expériences sexuelles, et le rapport que les personnages entretiennent avec la littérature. Car la littérature est partout dans ce livre, comme une représentation rêvée du monde.
Meilleur ami/meilleur ennemi (Joëlle Losfeld Editions), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Etienne Gomez, 448 pages, 25 €
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