Les chiffres communiqués par l’Association des centres chorégraphiques nationaux sont éloquents : 12 CCN sur 19 en France sont dirigés par des chorégraphes hommes.
À l’inverse, on ne recense que 3 centres chorégraphiques nationaux avec à leur tête une femme (Olivia Grandville à La Rochelle, Maud Le Pladec à Orléans et Ambra Senatore à Nantes), deux structures avec un binôme paritaire et deux avec un collectif mixte. Mais comment en est-on arrivé à cette im-parité dans un milieu, la danse contemporaine, jusqu’ici exemplaire ?
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Ainsi, la nouvelle génération des années 1980 a connu son lot de créatrices en vue comme Maguy Marin, Régine Chopinot, Mathilde Monnier, Catherine Diverrès, Karine Saporta ou la regrettée Odile Duboc. La plupart ont brillé à la tête de centres chorégraphiques, en remontrant même à leurs collègues masculins, succès à la clef et productions d’envergure.
“Une parité réparatrice”
La relève, pourtant, aura petit à petit du mal à s’imposer, et de la danse conceptuelle au courant hip-hop, les hommes vont se tailler une place dominante. Les données actuelles semblent dès lors être la résultante d’un net recul sur cette question paritaire. Pire, les six CCN les mieux dotés sont tous dirigés par des hommes – à l’exception d’un collectif.
L’Association des centres chorégraphiques nationaux ne pouvait que réagir pour “une parité réparatrice” en proposant une charte déjà signée par dix-neuf CCN. Mais au-delà, c’est bien la place des autrices chorégraphes dans le paysage actuel qui est questionnée. Ainsi, dans la majorité des maisons d’opéra et de ballet, les invitées de saison sont minoritaires.
Une éducation à revoir
Et si le Ballet de l’Opéra de Paris affiche en cet automne un programme 100 % féminin (Crystal Pite, Marion Motin et Xie Xin), c’est l’arbre qui cache la forêt, à savoir essentiellement des chorégraphes masculins tout au long de l’année mis à part l’entrée au répertoire en 2024 du Barbe-Bleue de Pina Bausch. On le voit, au-delà des formidables outils que sont et restent les centres chorégraphiques nationaux, toute une “éducation” est à revoir, que ce soit au niveau des salaires, des stéréotypes ou des commandes. Il faudra donc plus qu’une charte – mais c’est un bon début – pour permettre à la danse, contemporaine, mais pas seulement, de montrer le bon exemple. Le fait qu’une chorégraphe d’envergure internationale comme l’Israélienne Sharon Eyal ait décidé de s’installer en France – avec un CCN à la clef ? – est un signal fort.
Édito initialement paru dans la newsletter Scènes du 26 septembre. Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c’est ici !
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