Leur pop élégante ravive le fantôme des Go-Betweens mais ces Américains ne jurent que par le hip-hop. Critique et écoute.
Impossible de ne pas succomber à la voix onctueuse de Tim Cohen, chanteur barbu de The Fresh And Onlys, qui caresse l’oreille sur Long Slow Dance, quatrième album du quatuor créé à San Francisco en 2008. Ours au cœur tendre, Cohen y parle essentiellement de filles inaccessibles et de passion dévastatrice sur des mélodies qui brisent la glace et le cœur. “J’ai commencé à faire de la musique en écrivant des textes”, raconte le chanteur, qui ne s’est mis à la guitare que lorsque sa copine lui en a offert une.
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Car Cohen, véritable tête pensante du groupe, est au départ un amateur de rap : “J’étais obsédé par le hip-hop. Je m’étais même rasé la tête !” Aujourd’hui, celui qui enregistrait des morceaux de rap tout seul dans sa chambre écoute SpvcxGhxztPvrrp et Death Grip, deux piliers de ce qu’il appelle la “renaissance hip-hop”.
A priori, aucun rapport musical avec le rock mélodieux de The Fresh And Onlys. “Le caractère très direct de nos mélodies provient du rap”, assure pourtant Shayde Sartin, bassiste et cofondateur du groupe. Et Cohen d’ajouter : “Je chante toujours en rythme, comme si je rappais.”
Longtemps affilié à la scène garage californienne – et à ses fers de lance Thee Oh Sees et Ty Segall –, The Fresh And Onlys s’ouvre désormais à d’autres horizons, faisant souffler un vent chaud à coups de trompettes mexicaines sur Executioner’s Song, concoctant la BO d’un western moderne sur Take back the Night, empruntant la guitare des Smiths sur Presence of Mind.
Résultat : un album lumineux et lo-fi, brut et complexe, qui souffle le chaud et le froid, se faisant tantôt mélancolique et torturé, tantôt sauvage et euphorique, à l’image de Tim Cohen, éternel pince-sans-rire à l’allure de Droopy. “Vous faire éprouver tout le spectre des émotions me donne la chair de poule”, avoue le chanteur, qui compare l’album à sa ville natale, San Francisco : “Une belle ville mélancolique et brumeuse qui nous inspire.”
Pas étonnant, dès lors, que le titre romantique de l’album, Long Slow Dance, cache l’acronyme LSD. Un hommage au passé psychédélique de la ville ? Cohen assure que ce n’est qu’un hasard, certes “très heureux”. “L’album est mélancolique mais a pour titre LSD : ça résume notre esthétique.”
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