Les Rémois simplifient leur formule pop mais conservent intacts leurs pouvoirs ensorcelants.
Un petit coup de balai peut parfois tout changer. En décapitant leur nom trop alambiqué (le “On The Top Of Our Heads” a sauté), The Bewitched Hands vont bien au-delà d’un simple ravalement de façade. À l’intérieur des chansons elles-mêmes, le groupe a fait du tri, monté des cloisons et simplifié la circulation de ses idées foldingues afin de rompre avec l’impression de labyrinthe miniature qui handicapait légèrement jusqu’ici la lisibilité de sa démarche. En conservant l’essentiel de leur joyeuse excentricité et en décuplant leur puissance de mélodistes, les Français pourraient bien cette fois décrocher une timbale qui leur échappa (de peu) avec le premier album, et s’imposer avec aisance comme le groupe hexagonal le plus enthousiasmant de cette génération.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Entre un démarrage en fanfare avec un Westminster au son de cathédrale et un final disco et martial, The Laws of Walls, qui rappelle au souvenir du meilleur Sparks, ils donnent ainsi l’impression de danser sur un arc-en-ciel et de reconstruire en trompe l’oeil toute l’histoire de la pop-music en un Magical Mystery Tour 2.0 aussi érudit qu’étourdissant.
Contrairement à pas mal de groupes qui jonglent avec les mêmes références, les Bewitched Hands ont suffisamment d’impertinence et d’indiscipline pour préférer à la gravité cireuse des musées l’insouciance des jeux de plein air. Même lorsqu’ils reconstruisent de mémoire le Our House de Madness (Boss), personne ne songerait à les accuser de plagiat mais plus volontiers de doux dynamitage, empreint d’affection, d’un des murs porteurs de la pop britannique.
Vampirique, ce deuxième album l’est à bien des égards, et pourtant on admire sans retenue la façon dont ces Frenchies aspirent à être tantôt des Pixies sous hélium (50’s Are Good), tantôt une version hétéro des Pet Shop Boys (Words Can Let You down) et en permanence un rouleau compresseur jovial et tendre auquel tenter de résister serait une perte de temps inutile. L’effervescence qui émane ainsi de Thank You, Goodbye, It’s over, Ah! Ah! Ah! Ah! ou Hard Love, aidée par la production survitaminée de Julien Delfaud, procède d’une sorcellerie équivalente à celle de la fabrication du champagne.
{"type":"Banniere-Basse"}