Bombardée au ministère des Affaires étrangères, une ancienne directrice d’asso humanitaire se confronte aux difficultés de sa nouvelle mission. C’est drôle et ça pique…
Alors que la très cool Parlement fait son retour sur france.tv/slash pour une troisième saison (le 29 septembre), une nouvelle comédie politique française arrive cette fois sur Arte, fait assez rare pour être signalé. D’autant qu’elle est réussie. En six épisodes écrits par Charly Delwart et réalisés par Erwan Le Duc (Perdrix, La Fille de son père), Sous contrôle suit les aventures improbables de Marie Tessier, directrice d’une grande asso humanitaire propulsée du jour au lendemain ministre des Affaires étrangères par un président avide de faire entrer la société civile au gouvernement… Ce sceau du “réel” et de l’action est sa première qualité supposée, comme si l’époque manquait d’hommes et de femmes de terrain.
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Mais c’est une autre réalité, celle des jeux de pouvoir, qu’éprouve la nouvelle ministre pourtant habituée à se battre pour garder la tête hors de l’eau, dans un monde d’hommes. Très vite, Marie Tessier se retrouve coincée entre les intérêts contraires de ses collègues et la lourdeur des protocoles qu’elle aimerait contourner. Le tout au milieu d’une crise internationale qui la concerne directement. Elle développe des plaques rouges de stress et n’arrive plus à passer du temps avec sa fille ado.
Pris·es dans la toile du pouvoir
Déjà impressionnante lors de cette rentrée dans L’Été dernier, le film de Catherine Breillat où elle joue une avocate quadra attirée par un adolescent, Léa Drucker donne une épaisseur immédiate à celle qui pourrait rester simplement débordée par tout. Elle lui offre une stature à la fois puissante et échevelée, bordélique et pleine de ressources, celle d’une outsider totale.
À travers elle, Sous contrôle change constamment de territoire, passant de l’ironie assez classique à la comédie plus acerbe, de l’exploration intime de la vie d’une femme (d’une amante, d’une mère) à la géopolitique contemporaine, tout en saisissant quelque chose d’un rapport désabusé à la représentation politique. Sans en faire trop, la série montre des personnages soumis à la machine étatique et comme retenus dans sa vaste toile.
Trois petites heures et c’est tout
On aimerait davantage d’épisodes pour donner à la narration un aspect plus florissant, qui irait avec son personnage au potentiel élastique. Mais le système hexagonal est ainsi fait que sortir de terre une série d’auteur·ice au long cours est devenu quasiment impossible. Ce sera donc trois heures, diffusées en une seule soirée – mais heureusement disponibles en ligne durant plusieurs semaines – et rien de plus.
Là où Sous contrôle prend un vrai risque, c’est en plaçant au cœur de son récit une histoire d’otages français et européens au Sahel aux mains de terroristes. Il y a quelques années, le ton employé n’aurait pas été possible, tant ces affreux ravisseurs sont présentés comme d’amusants pieds nickelés aux méthodes pas vraiment efficaces. Le parti pris fonctionne pourtant par la force de conviction de l’héroïne, mais aussi au beau second rôle d’un berger devenu “assistant” preneur d’otages. Excentrique et finalement assez douce, Sous contrôle réussit son pari.
Sous contrôle de Charly Delwart et Erwan Le Duc, avec Léa Drucker, Samir Guesmi, Laurent Stocker… Sur Arte le 5 octobre à 20h55 et sur arte.tv le 27 septembre.
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