Complètement émancipé du rap ou de la chanson française du moment, le Bon Gamin de Montreuil est toujours hors cadre.
Fallait-il attendre autre chose d’Ichon, en bon pompier pyromane, qu’un nouvel album au titre programmatique et bâti sur les ruines du précédent ? Casser ça, puis reconstruire. Un leitmotiv qu’il a appliqué consciencieusement depuis ses débuts, en rappeur le plus sombre du crew Bon Gamin devenu artiste pop sur son premier véritable album Pour de vrai (2020), et qu’il poursuit sur un second effort.
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Pensé comme un manifeste pour marginalisé·es et incompris·es de tous bords, Kassessa brasse naturellement son lot d’influences disparates : retour au rap abrasif des débuts, chanson française affranchie (La Vérité, Naufragé), new wave (Malabar), pop-punk (N’importe quoi), tout un éventail de musiques noires (africaines ou américaines), ou même le spectre de Bon Iver (le finale Page blanche).
L’impudeur comme cheval de bataille
Mais c’est surtout cette écriture hyper-frontale frôlant le flux de conscience ou l’écriture automatique (Logik, Souvent ou Voyou) qui donne toute sa force et son charme à Kassessa, quitte à céder aux jeux de mots interdits (l’homonymie mots/maux).
Une impudeur dont Ichon a toujours fait son cheval de bataille pour métaphoriser sa quête d’identité (musicale et personnelle). Ce second album trouve la manière parfaite de la mettre en sons : changeante, liquide et versatile. En somme, joliment et crûment inconstante.
Kassessa (911/The Orchard). Sortie le 20 octobre. En concert à L’Olympia, Paris, le 16 novembre.
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