C’est une nouvelle fois en Suède que la pop trouve le plus ravissant accueil.
Le nom du groupe évoque l’un de ces jeux furieux et savants que les collèges anglais les plus huppés imposent à leur jeunes filles. Ça tombe bien : c’est à un vieux jeu anglais que s’amusent ces Suédois mixtes et nombreux, érudits et excentriques comme l’imposent les règles. Ce jeu, c’est la pop-music, que tant d’autres, au Royaume-Uni même, considèrent aujourd’hui comme un métier, une corvée rentable. “Cette nouvelle année sera pour vous et moi”, promet le titre, et, enfin, 2008 ressemble à un bon moment, qu’on attend du coup avec impatience. Parce que si l’année est aussi riche en lalalala, en insouciance, en bien-être et en doudoudoudou, alors on signe là, tout de suite. Leur label s’appelle Tapete Records et il y aura bien entendu quelques machos à poils longs et idées courtes pour dire qu’effectivement, tout ceci est aussi viril qu’un goûter chez Belle & Sebastian, aussi adulte et mâle qu’une soirée orangeade et BN vanille chez les Pastels. Qu’importe : il y a chez ces délicats garçons et filles de Stockholm plus de raisons de sautiller, de dodeliner et de sourire aux portes d’une extase idiote que chez beaucoup de pourvoyeurs en force de bonheur immédiat. Car le genre de béatitude et de frénésie collective que MSTRKRFT ou Justice fournissent brillamment mais à grand renfort de chimie lourde, Lacrosse les procure uniquement par l’homéopathie, la médecine naturelle. Soit des guitares souvent sèches, des yeux embués de bonheur, des cuivres rigolards et des refrains garantis pur sucre – comme savaient si bien les susurrer leurs compatriotes des Wannadies. Comme souvent en Suède, le groupe joue une pop incroyablement soignée, minutieusement coquette, rigoureusement dandy : il s’appelle Lacrosse, pas La Crasse.