Propos homophobes, tension permanente et mise en danger des salarié·es… “Mediapart” a révélé les terribles conditions de tournage de la série “Jusqu’ici tout va bien” de l’humoriste belge Nawell Madani.
Dès sa sortie sur la plateforme Netflix, la mini-série Jusqu’ici tout va bien, créée par l’humoriste et actrice Nawell Madani s’était imposée en totalisant 7,5 millions d’heures de visionnage. Malgré son franc succès, quinze membres de l’équipe ayant travaillé aux côtés de Nawell Madani ont dénoncé, sous couvert d’anonymat, un climat particulièrement délétère lors du tournage, dans une enquête publiée dimanche par Mediapart.
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Un tournage chaotique
Si Kahina Carina et Carima Amarouche, les deux actrices principales de la série, évoquent des conditions de tournage “normales” et une réalisatrice “respectueuse et professionnelle”, les témoignages des membres de l’équipe technique sur le tournage donnent un autre son de cloche, plus alarmant.
Ils dénoncent d’abord des conditions dangereuses, comme ce technicien son embarqué dans le coffre d’une voiture conduite par une actrice qui n’avait pas le permis.
“Ce tournage n’a été qu’une souffrance”, témoigne une membre de l’équipe à Mediapart, tandis qu’une autre évoque même des symptômes de stress post-traumatique : “J’allais bosser la boule au ventre tous les jours, confie aussi un technicien son. Ce tournage nous a transformés. Il y a eu pour tous un moment où on ne s’est pas reconnu parce qu’on a été agressif ou désagréable à cause de cette tension permanente.”
Selon plusieurs témoins, la réalisatrice aurait également tenu des propos homophobes à l’encontre de l’une des membres de l’équipe.
Malgré l’initiative de Netflix de dépêcher un “référent” sur le tournage, le climat ne s’est pas apaisé. Selon les informations de Mediapart, le directeur de production et le régisseur général auraient décidé de quitter le tournage avant la fin.
Une réalisatrice inexpérimentée
Pour certains, ce climat s’expliquerait en partie par les trop lourdes responsabilités que Nawell Madani, à la fois réalisatrice, actrice, scénariste et coproductrice de la série avait sur les épaules. “Netflix a laissé tous les pouvoirs à Nawell, qui était fatiguée mais aussi inexpérimentée pour occuper tous ces postes. Ils l’ont mise là parce qu’elle est connue, parce qu’elle a des millions d’abonnés, mais elle n’avait pas les épaules et c’est nous qui en avons payé le prix”, décrit ainsi une salariée dans l’investigation de Mediapart.
Lors de la promotion de la série dans la Boîte à questions sur Canal+, la comédienne Paola Locatelli avait évoqué le climat peu reluisant du tournage : “Des fois, elle était dure, des fois il y avait un peu de cris, ça se calmait, après, il y avait des gros cris, ça brûlait le tympan, et puis après elle disait ‘pardon, désolée’.”
Pour l’heure, ni Nawell Madani ni son avocat n’ont donné suite aux sollicitations de Mediapart.
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