Une des dernières images du Théâtre de la Ville à Paris avait quelque chose de prophétique. Une salle à nu, les fauteuils enlevés, la fosse béante.
Les Russes du projet DAU avaient investi les lieux avant un autre baisser de rideau, laissant derrière eux un goût d’inachevé et, quand même, un sérieux déficit. Fermé au public depuis octobre 2016, ce lieu emblématique de la création théâtrale et chorégraphique aura donc attendu sept ans sa réouverture.
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Entre temps, l’amiante, le plomb et les confinements ont pesé sur ce chantier. Pourtant, joli paradoxe, la programmation estampillée Théâtre de la Ville n’a jamais cessé, s’invitant ici ou là, redynamisant également l’espace Cardin sur les Champs-Elysées. 500 000 spectateurs accueillis, une politique active de captation de spectacles en pleine crise sanitaire. À l’heure de cette rentrée, marquée par un mois de festivités en septembre sur la place du Châtelet, juste avant le vrai rendez-vous en salle, début octobre, avec Chotto Desh d’Akram Khan, force est de constater que beaucoup de paramètres ont changé.
Le public s’abonne moins, les vedettes d’hier ne sont plus celles d’aujourd’hui (quoique), le questionnement sur la diversité domine, les budgets se rétrécissent. “Si le Théâtre de la Ville entre dans un nouvel âge, la société entière est entrée dans une nouvelle époque”, résume Emmanuel Demarcy-Mota, son directeur. Presque un autre monde donc. Le Théâtre de la Ville se dote désormais d’une seconde salle modulable, la Coupole, d’espaces connectés et d’échanges. Surtout, son grand théâtre avec un gradin frontal, prouesse architecturale et démocratique – on voit bien de partout ! – retrouve sa splendeur. On en espérait pas moins pour recevoir Anne Teresa De Keersmaeker, Julien Gosselin, Crystal Pite ou la reine Isabelle Huppert dans une Bérénice selon Romeo Castellucci. Quant à l’ultime changement, il est mineur mais riche de sens : le nom de Sarah Bernhardt est de nouveau associé à celui du Théâtre de la Ville. Par contre, pour la nomination d’une femme à la direction, il faudra attendre (encore) un peu.
www.theatredelaville-paris.com
Édito initialement paru dans la newsletter arts et scènes du 29 août 2023 . Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c’est ici !
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