Autrefois glacial et austère, le groupe parisien se lâche et gambade. Critique et écoute.
On a connu Poni Hoax avec un frisson. En 2006, les Parisiens publiaient un premier album où le vent soufflait fort et froid : on découvrait un groupe sous influence 80’s, musicalement géolocalisable entre la Grande-Bretagne et New York. C’était New Order, c’était Talking Heads qu’on entendait comme en écho, mais aussi tous ces artisans, petits et grands, qui contribuèrent à rebâtir sur les ruines du punk. A grand renfort de guitares grasses et de claviers en encéphalogramme, la tentation du chaos sonore embrassait alors des mélodies un peu fraîches, plutôt obscures.Mais rien de dépressif chez Poni Hoax, seulement une distance, une allure altière et une sophistication évidente : tout ce que la new-wave a nonchalamment pu laisser à la postérité.
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Vingt ans après, on aurait donc pu taxer Laurent Bardainne et ses acolytes de passéisme chic, les accuser de chercher dans une époque idéalisée de quoi snober leurs contemporains. Mais c’est sans nostalgie qu’on a décidé de les écouter, trouvant dans ces morceaux raffinés des madeleines proustiennes plutôt que des bibelots muséifiés. En 2008, Poni Hoax publie un deuxième album. Images of Sigrid appuie encore un peu sur l’electro, balance un vrai tube (le très disco Antibodies), mais ne change pas vraiment la donne.
En 2013, Poni Hoax se cabre. C’était peut-être déjà le cas, mais les Parisiens semblent pour la première fois se lâcher, s’amuser un peu, prendre du plaisir à jouer. Avec ces claviers plus aériens, ces guitares moins saturées, ces mélodies plus ouvertes, Poni Hoax ressemble peut-être désormais davantage à The Killers qu’à leurs références communes. Mais si les Américains ont souvent tendance à tomber dans la grandiloquence, A State of War livre une bataille très maîtrisée : avec ses morceaux éthérés (Cities of the Red Dust) et dansants (Down on Serpent Street), ses choeurs féminins (Marida et la formidablement joueuse Young Americans), ses exercices de style très Talk Talk (Life in a New Motion, The Word), ce troisième album confère une épaisseur nouvelle à Poni Hoax – groupe décidément singulier dans le paysage français.
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