Réédition des deux premiers albums à compte d’auteur du prodige suédois Loney, Dear : même petit, déjà grand.
« Lower your head.” Baisse la tête, entend-on Emil Svanängen psalmodier sur la réédition de son premier album, alors tiré à compte d’auteur. Emil baisse la tête, et il a l’air d’un coureur. Il faut dire que dans le peloton plan-plan des musiciens pop à ambitions raisonnables, ça commençait à gueuler : ces derniers mois, la tête d’Emil est tellement sortie du lot qu’elle leur a fait de l’ombre, qu’elle a vraiment manqué de fair-play envers leur banalité. On en a accusé de dopage pour moins que ça.
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En effet, non content d’avoir déjà aligné fièrement deux albums dans notre top 2007, Emil et son faux groupe, Loney, Dear, pourraient bien renouveler l’exploit en cette nouvelle année avec les rééditions de ses deux premiers albums, de 2003 et 2004. Car à la façon de son évident contrepoids américain Sufjan Stevens, il fait partie de ces serial-songwriters, de ces stakhanovistes du refrain assassin, capables de sortir, au gré d’une inspiration en éruption, plusieurs albums par an.
Comme Sufjan Stevens donc, mais sans les recoins sombres, métaphysiques, voire inquiétants de l’Américain, c’est à la pop-song que Loney, Dear veut du bien : en la forçant à se remuer les méninges, en la déviant de ses petites habitudes rances de vieille fille, en soufflant très fort dans ses bronches pour lui imposer des refrains sidérants – comment des merveilles aussi évidentes ont-elles pu attendre si longtemps un propriétaire ? De la mélancolie chaleureuse, cotonneuse de Never Let It Slip Your Hands à la majesté complexe d’Ignorant Boy, Beautiful Girl, toute la démesure et la flamboyance de Sologne et Loney, Noir sont déjà esquissées, suggérées.
Car Loney, Dear appartient à cette race rare de mélodistes inconscients, capables de transcender leurs influences en les mettant au service strict d’une inspiration et d’une exaltation qui les dépassent largement – on pense à Belle & Sebastian ou Elliott Smith. En à peine quatre années, Loney, Dear s’est déjà imposé comme l’une des forces de proposition les plus insolentes et passionnantes de ce nouveau siècle. “Your time is to come”, susurrait-il dans sa chambrette, sur son premier album. Sans se douter que son heure, ses heures arriveraient aussi vite, avec une telle évidence. Loney, Dear a déjà sorti quatre albums : de quoi faire au moins trois best-of.
Egalement disponible l’album The Year of River Fontana.
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