En forme, Suede revient avec un album à l’ancienne : bienvenue en 1996. Critique et écoute.
Une poignée de chanceux se souviennent du concert come-back donné par Suede il y a deux ans sur la scène de l’Elysée Montmartre. Piochant dans l’intégralité de son répertoire, le groupe toujours acéré et anguleux de Brett Anderson agençait un show formidable en forme de best-of assassin. Dans l’énergie scénique, dans la justesse vocale, dans cette façon d’enchaîner tube sur tube, le groupe affichait alors une jeunesse insolente, n’ayant rien perdu de sa superbe. On ne reverra pas reformation plus justifiée et jouissive jusqu’au concert de Pulp, à l’Olympia, en novembre dernier.
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Quelques semestres et une longue tournée plus tard, Suede publie Bloodsports, le sixième album de sa carrière, et retrouve le line-up de l’époque Coming up, avec Richard Oakes venu remplacer au pied levé le pourtant fondamental Bernard Butler à la guitare. Evoquant le disque, Anderson avait laissé augurer le meilleur en disant qu’il constituait le chaînon manquant entre Dog Man Star et Coming up. La grande brindille n’a pas tort, Bloodsports a tout d’un bon disque de Suede des nineties : même artwork soigné (la pochette renvoie directement à celle de Coming up), même vocabulaire (Barriers, Faultines, For the Strangers, Sabotage – autant de mots qui semblent avoir toujours été chantés dans la bouche d’Anderson), même chant fervent, et surtout, même écriture habile et romantique chipée à Bowie.
On mentirait tout de même en assurant que Bloodsports contient autant de trésors que les trois premiers Suede, mais le disque convainc davantage que les moyens Head Music et A New Morning : de Barriers à Always, de Snowblind à Sabotage, le groupe renoue avec son songwriting historique, ses guitares ardentes et son chant passionné. Pour peu qu’on ait plus de 30 ans, la madeleine de Proust est savoureuse – et servie chaude, pas tiède.
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