La série sur le basket, le capitalisme et les enjeux raciaux dans l’Amérique des eighties poursuit sa route dans une deuxième saison séduisante. Et il y a Adrien Brody !
Si, par nostalgie ou dans un moment de doux ennui estival, vous vous demandez ce que peut bien faire Adrien Brody de sa vie, sachez qu’il a tenu récemment le rôle masculin principal dans Blonde, s’est contenté d’apparitions dans les derniers films de Wes Anderson et de scènes disparates dans Succession saison 3 – c’était en 2021. Mais il coule aussi des jours heureux dans la série Winning Time : The Rise of The Lakers Dynasty, sur la prestigieuse équipe de basket de la NBA dans les années 1980. Une excellente nouvelle, un peu moins hypée que les autres. L’acteur oscarisé pour Le Pianiste en 2002 met pourtant toute son énergie et sa tension naturelles dans le rôle de l’assistant-coach (puis coach principal) de l’équipe californienne, Pat Riley, au moment où celui-ci est devenu une légende.
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Aux côtés de Brody, la série accueille une flopée d’acteur·rices aimé·es – comme John C. Reilly, Gaby Hoffmann et l’excellent Jason Segel, échappé de la galaxie Apatow –, ce qui lui donne un certain piment. Le reste du cast, souvent plus jeune et moins célèbre, est mené par Quincy Isaiah, très convaincant dans la peau de l’icône au sourire apaisant, Magic Johnson. Un joueur si intelligent, si doué, qu’il allait trop vite pour la plupart de ses coéquipiers. La série traque son rythme et sa séduction, ce qui lui donne son premier attrait. Car la vitesse et l’intelligence sont de vrais sujets formels, que certaines séquences de matchs (pas toutes) mettent bien en avant.
Saison 2
Dans la deuxième saison qui débute, le surdoué vient de remporter son premier titre dans la prestigieuse Ligue. L’Amérique lui tend les bras… avant une blessure et une élimination précoce du Championnat. Nous sommes en 1980-1981. Les sept nouveaux épisodes – qui s’étirent jusqu’en 1984 – montrent d’une certaine façon le prix de la gloire, personnel et collectif.
Car jouer pour cette équipe n’avait rien d’une sinécure. L’ère des Lakers triomphants coïncide avec l’apparition du sport spectacle, compatible avec le nouveau président Reagan. Ils n’en furent pas les seuls responsables, mais ils ont contribué à sacraliser l’idée. Leur style de jeu, à l’époque, avait pour surnom “showtime”, parfois à cause des célébrités au bord du parquet, mais surtout parce qu’ils menaient tambour battant des matchs souvent haletants, pleins d’arabesques, rythmés par une attaque à toute épreuve. Et hautement télévisuels. Tous les jours, il fallait se montrer à la hauteur.
Rivalité
Et ce n’était pas simple. Sur le chemin des Lakers se trouvaient les Boston Celtics, l’autre équipe majeure de l’époque, plus besogneuse mais pas moins talentueuse, dont le meilleur joueur Larry Bird, était blanc. De la dimension raciale attenante au basket américain, Winning Time : The Rise of The Lakers Dynasty fait son sujet le plus sérieux. On en apprend beaucoup plus, lors des premiers épisodes de cette saison 2, sur Larry Bird, ses origines modestes, son trauma. Sa rivalité, alors naissante, avec l’idole de Los Angeles offre une matière fictionnelle irrésistible. Est-ce une raison suffisante pour regarder ? Certainement. Il en existe aussi beaucoup d’autres, une par minute probablement. Nous sommes devant un prototype devenu assez rare de série flamboyante, à la légèreté souvent assumée, qui se souvient, comme le disent les esprits sérieux, que tout cela n’est que du sport… et qu’elle est “seulement” une série. Et c’est déjà beaucoup.
Winning Time : The Rise of The Lakers Dynasty sur OCS (Pass Warner)
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