Un premier roman percutant qui réfléchit à la manière dont les traumas infusent le langage. Une des meilleures découvertes de la rentrée.
“Sors de moi, l’infinie.” La narratrice de Tumeur ou tutu répète cette phrase comme un mantra, cachée derrière le canapé du salon de la maison où elle vit avec ses parents et ses deux frères. Elle espère que le son des mots fera disparaître la peur qui lui noue le ventre. La peur des cris de sa mère et des silences assourdissants de son père qui l’entourent depuis sa naissance.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Il est beaucoup question de langage dans ce premier roman écrit à la première personne, au plus près de la conscience de cette jeune femme qui passe péniblement de l’enfance à l’adolescence, puis à l’âge adulte.
Des mots qui pourrissent en elle
Son monologue intérieur est un mélange de termes codés (la maison devient “la praison”, les êtres humains deviennent les “spartiates”), de réflexions inquiètes et de phrases violentes sorties de la bouche de sa mère, qu’elle intériorise sans les digérer.
Autant de mots qui pourrissent en elle et qu’elle essaie d’étouffer à coups de formules mathématiques qui rythment le récit et qui ont, selon elle, “la capacité [de] faire jaillir la mécanique d’un problème pour parvenir à la solution”. Léna Ghar s’arme d’une écriture très inventive et de nombreuses trouvailles formelles pour raconter les violences intra-familiales du côté des victimes. Sans tabous et sans clichés, avec force et colère.
Tumeur ou tutu de Léna Ghar (Verticales), 224 p., 19,50 €. En librairie le 24 août.
{"type":"Banniere-Basse"}