Trente-huit ans après sa publication américaine, les éditions Sonatine exhument Zigzag, le polar vintage de Ross Thomas. Un bijou d’humour noir, de cool californien et de charmes seventies.
“Chinaman’s chance” est une expression d’argot américain qui signifie “pas l’ombre d’une chance”. C’est aussi le titre original de ce polar savamment rétro signé Ross Thomas. Un classique du genre publié en 1978 et enfin traduit. “Chinaman’s chance”, c’est surtout la probabilité de réussite du “coup du pélican”, une escroquerie fumeuse orchestrée par Artie Wu et Quincy Durant, Tic et Tac de l’arnaque et héros récurrents des romans de Thomas.
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Leur plan : trouver un pélican mort ; le déposer sur la plage californienne où le millionnaire Rendall Piers promène ses six lévriers chaque matin ; feindre de se fouler la cheville en trébuchant sur le piscivore défunt au passage du richissime dandy ; sympathiser avec celui-ci puis subrepticement lui proposer un café et la carte d’un trésor factice à deux millions de dollars. Ce que n’avaient pas prévu les deux compères, c’était de se retrouver ensuite embourbés dans une sombre affaire de disparition de starlette et de meurtre politicard.
Le chic des personnages chocs
Mort en 1995 avec trente ans de carrière et vingt-cinq enquêtes au compteur, Ross Thomas était surnommé par Stephen King “le Jane Austen du roman d’espionnage politique”. Sûrement pour sa science des répliques qui claquent, son ironie critique et son goût de l’intrigue à tiroirs dans les arcanes du pouvoir. Sans doute aussi pour son chic des personnages chocs. Car tout en souplesse, Thomas se réapproprie ici les archétypes du genre et mixe le cool californien et le hardboiled chandlerien pour composer une galerie de héros qui ne jureraient pas dans un vieux Tarantino.
Après le duo de complices gouailleurs, on retrouve bien sûr la femme fatale à tendance nymphomane, le mafieux classieux qui lit Rilke, le flic à la moralité fluctuante, l’ancien marine désabusé et musclé, des vedettes à paillettes et même une Mustang décapotable de 1965. Avec tout ça, il y avait une chance de Chinois pour qu’on ne s’éclate pas.
Zigzag (Sonatine), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Patrick Raynal, 480 pages, 14 €
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