Retour en forme inattendu de l’éditeur pionnier du jeu vidéo, avec une série de titres qui revisitent son histoire de manière stimulante et inventive.
C’était devenu une mauvaise blague. Rachetée au début des années 2000 par l’éditeur français Infogrames qui en avait fait son identité d’emprunt, la marque Atari semblait avoir perdu tout lien avec son prestigieux passé. Celui de Pong, d’Asteroids, de Breakout, des pionniers du jeu vidéo. Et, peu à peu, quelque chose a changé. On ne parle pas ici des investissements douteux dans la blockchain ni même du lancement laborieux d’une nouvelle console Atari VCS (oui, comme celle de 1977) mais de l’émergence presque inespérée d’une épatante politique d’édition.
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Après plusieurs remakes de jeux emblématiques, celle-ci a culminé avec le lancement à trois mois d’intervalles de deux titres extraordinaires : Atari 50, qui tenait moins de la compilation que de l’encyclopédie jouable sur l’histoire de la société plus que cinquantenaire, puis Akka Arrh, réinvention psychédélique par le génial Jeff Minter d’un projet avorté de 1982. Trois autres sorties confirment qu’il se passe quelque chose chez Atari.
Remix façon mash-up pour des jeux cultes
Atari Mania et Pixel Ripped 1978 s’inscrivent dans le projet commémoratif Atari 50 dont la part la plus stimulante est sa volonté de faire dialoguer le passé et le présent. Pour le premier, c’est sous la forme d’une collection de micro-jeux s’enchaînant à grande vitesse sur le modèle des WarioWare de Nintendo.
Mais s’ils s’inspirent des classiques d’Atari, de Breakout à Crystal Castles, Warlords ou Centipede, ces derniers tiennent moins de la simple reprise de dispositifs ludiques patrimoniaux que du remix façon mash-up et nous demandent, par exemple, de marquer un but grâce au rayon de notre vaisseau spatial malgré la défense des raquettes de Pong. Derrière ces pétillants collages, une vision : celle du jeu vidéo comme réservoir de formes et d’idées mais, aussi, comme imaginaire partagé.
La même logique est au cœur de Pixel Ripped 1978, dernier volet de la série de jeux en réalité virtuelle du studio brésilien Arvore dédié donc, cette fois, à Atari. Le principe est ici de nous faire passer régulièrement de l’extérieur (en tant que développeur·euse de l’Atari d’antan assis·e devant une console 2600) à l’intérieur du jeu.
Chérir le passé pour mieux se projeter vers l’avant
Plastiquement, c’est une réussite spectaculaire par sa manière de brouiller la frontière entre le primitif (pixels, néons façon Tron…) et le futuriste. Si, derrière les clins-d’œil, le voyage de Pixel Ripped 1978 est d’abord esthétique, son utopie réside dans une fusion bouillonnante des temps. Difficile de trouver plus réjouissant.
Ou peut-être en s’élançant dans Mr. Run and Jump ? Pas de remake, même partiel, cette fois, mais un jeu de plateforme inédit ayant notamment pour particularité de ne pas sortir que sur les consoles actuelles mais aussi sur l’Atari 2600. Suite de parcours tendus à la Super Meat Boy (bien qu’en plus indulgent), Mr Run and Jump semble partager la même philosophie qui tient de la post-nostalgie. Chérir le passé, s’en nourrir, s’y ressourcer pour ensuite mieux se projeter vers l’avant, à l’image de son petit personnage bondissant. Et jouir de ce que le jeu, vidéo ou non, c’est toujours maintenant. Erwan Higuinen
Atari Mania (Illogika/Atari), sur Switch, PS4/5, Xbox et PC, de 20 à 25€ ; Mr. Run and Jump (Graphite Lab/Atari), sur Switch, PS4/5, Xbox, PC et Atari 2600, environ 25€ ; Pixel Ripped 1978 (Arvore/Atari), sur PS VR2, Meta Quest 2 et Steam VR, environ 25€.
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