Dans ce premier film de Sofia Alaoui, les extra-terrestres s’invitent dans le corps des êtres vivants dans une ambiance oppressante. Une ode à la nature qui interroge notre rapport à la vie.
Itto est une jeune femme issue d’un milieu modeste et qui vit désormais chez la famille grande bourgeoise de son mari au Maroc. Enceinte et errante dans les cadres imposants de la demeure, elle se fait une joie d’avoir un peu de repos et de solitude le temps d’une après-midi. Hélas, des événements surnaturels viennent plonger le pays en état d’urgence. Contrainte de quitter la ville et de rejoindre les campagnes et les villages, elle entame alors un road-trip fantastique sur fond de fin du monde.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Animalia, premier film de Sofia Alaoui, est une ode à une nature où les extraterrestres s’invitent dans le corps des humains et des bêtes. L’alien est ici un voyageur invisible qui navigue de corps en corps, d’hôte en hôte, fourmis ou paysans. Cette apparition surnaturelle progressive est la principale réussite du film : le chaos plane, s’immisce par petite touche et met en branle un monde qui semble se retourner sur lui-même. Une ronde de chiens immobiles aperçue dans une rue de nuit ; une boule de feu géante qui embrase le ciel et a absorbé le cosmos… Des images saisissantes surgissent parfois ainsi du film comme des événements surnaturels eux-mêmes. L’irréel, c’est le jaillissement du plan, cette soudaine beauté qui se montre et puis se fige.
Une mise en scène agile
Si le film est parfois pataud dans ses intentions martelées (la grossesse comme legs pour un nouveau monde, critique de la société arabe capitaliste moderne…), il trouve sa grâce et sa fragilité avec une question qui l’obsède : comment met-on en scène l’éclosion du surnaturel ? Une venue extraterrestre, si elle est évidemment vécue comme un bouleversement (personnel et global), est aussi le moyen de retrouver une harmonie.
L’enjeu du film est ainsi de maintenir ce travail d’équilibriste, cultivant une certaine agilité dans sa mise en scène, féline et sauvage. Un chaos pour tenter un retour à l’ordre fondamental des choses : le désir de vivre en paix avec les vivant·es, animaux compris donc.
Animalia de Sofia Alaoui, en salle le 9 août.
{"type":"Banniere-Basse"}