À trop vouloir cerner les enjeux géostratégiques contemporains, la série de Peter Kosminsky se perd et peine à donner une épaisseur romanesque à ses personnages.
Si on peut déceler une limite systémique à certaines séries anglaises, elle se trouve peut-être dans leur soumission au sujet. Cette conviction, parfois, qu’un bon sujet ferait tout, et qu’il suffirait de broder quelques figures autour pour donner une fiction “qui parle du monde”. Voilà à peu près notre sensation devant The Undeclared War, plongée la tête la première dans l’une des angoisses bien réelles du moment : la cyberguerre, nouveau genre de conflit qui se passe de chars d’assaut. Ou comment, à coups de bots et de désinformation, voire de plus gros événements (couper l’internet d’une nation, par exemple), il devient possible de déstabiliser des pays entiers.
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Tout cela, cette mini-série en six épisodes, dont l’action se déroule dans un futur proche, le montre du point de vue du GCHQ – service de renseignements britannique dédié à la cybersécurité –, alors qu’une cyberattaque fout le bordel quelques jours avant une élection nationale. Une jeune stagiaire détricote cette première salve, mais une autre phase de la guerre se déploie, aux conséquences potentiellement dévastatrices.
Tentatives romanesques ratées
Dans sa description d’une vie de bureau atypique – coucou Le Bureau des légendes –, The Undeclared War commence bien. Mais très vite, la série se désunit, ne trouvant aucun équilibre entre son désir d’aborder à peu près tous les sujets qui comptent (la Russie, la démocratie européenne menacée, l’information fabriquée, le futur de l’humanité, rien de moins) et celui de raconter une histoire solide. N’est pas Years and Years qui veut.
Les tentatives romanesques – y compris une love story lesbienne purement opportuniste – n’ont pas la moindre ampleur. Peter Kosminsky, le réalisateur, fut à la fin des années 1990 l’homme derrière l’excellent Warriors, trois heures fascinantes sur la guerre en ex-Yougoslavie. C’est peu dire qu’il nous avait habitué·es à beaucoup mieux.
The Undeclared War de Peter Kosminsky, avec Hannah Khalique-Brown, Simon Pegg, Maisie Richardson-Sellers. Sur MyCanal, à partir du 28 août.
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