Après un disque entièrement tourné vers le disco, le duo londonien puise dans ses influences éclectiques pour imaginer en toute liberté un patchwork enivrant.
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Si l’on a souvent vanté les mérites de l’épure et de la soustraction dans les disques de pop – notamment sur les précédents enregistrements de Jungle, sorte de cristallisation chimiquement pure de soul et de funk –, rares sont les albums qui répondent à une logique d’effacement. “Chaque fois que j’écoute Volcano, j’ai un sentiment de fraîcheur, je ne suis jamais complexé. C’est le premier de nos disques qui me fait ça dans son intégralité”, résume Tom McFarland, l’une des deux têtes pensantes de Jungle, au sujet des intentions qui ont présidé à la création de l’album.
Anecdotique dans sa forme, cet axiome traduit à merveille le sentiment qui parcourt Volcano : un disque où le son Jungle est partout, reconnaissable en tous points mais d’où Jungle a disparu. Ou plutôt, Josh Lloyd-Watson et Tom McFarland ont disparu.
Des influences multiples, un son unique
“For Ever, notre deuxième disque, portait beaucoup trop sur nous en tant que personnes, nos histoires, nos émotions et nos voix. Ce n’est pas pour ça qu’on a créé Jungle !”, poursuit Tom. Ce qui pourrait n’être qu’un détail est en fait l’aboutissement artistique que l’on aperçoit dans leur musique depuis leurs débuts : plus qu’un groupe, le devenir entité de Jungle.
À ce titre, Volcano est un album de producteurs, d’hommes-machines. Citant pêle-mêle l’influence de Four Tet, Caribou ou The Chemical Brothers, Tom et, par extension, Josh se placent en chefs d’orchestre effacés derrière leur création, ne se refusant aucune inspiration tout en se portant garants du son Jungle. Porté par cette idée fixe, rarement Jungle n’aura sonné aussi libre et affranchi des carcans.
Une grande entreprise collective et utopique, anti-ironique et anti-égotique
Cette logique d’effacement, cette liberté contribuent à faire de Volcano un album rêvé, convoquant dans l’imaginarium Jungle les spectres d’ESG (Holding On), des samples seventies qui n’existent pas (Dominoes, seul morceau à contenir néanmoins un sample), Moodyman chez Soul Train (collaboration imparable avec Channel Tres sur le single estival I’ve Been in Love), les musiques caribéennes ou latines (Back on 74, You Ain’t No Celebrity, Coming Back, Every Night) ou la French Touch (Don’t Play).
Cette cosmogonie de la musique dance complètement fantasmée et hors du temps donne entièrement raison aux ambitions créatives des deux anti-stars. Une grande entreprise collective (on y croise Bas, Erick the Architect, Roots Manuva…) et utopique, anti-ironique et anti-égotique qui appelle de ses vœux à tout régler d’un même geste, d’un même mouvement, sur la piste de dance.
Volcano (Caiola Records/Awal). Sortie le 11 août. En concert au Centquatre, Paris, les 24 et 25 octobre.
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