Chimérique, insondable, caverneuse : la musique de Dean Blunt est un vertige. Critique et écoute.
Depuis qu’on l’a découvert au sein d’Hype Williams, duo anglo-russe basé à Berlin, Dean Blunt s’est plutôt montré insaisissable, optant pour une musique trop agitée pour être immédiatement captivante. Si, à entendre The Redeemer, rien n’a foncièrement bougé, la mise en forme est ici plus maîtrisée, comme s’il avait saisi qu’on pouvait explorer le fond du gouffre avec élégance.
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Plutôt que d’opposer deux mondes, la lo-fi et la soul-music, le Londonien les fait se rencontrer dans le tumulte de petites sonates orchestrales, à l’exemple du génial Papi. Arrangé comme une suite, avec de courts intermèdes destructeurs et bruitistes entre les morceaux, The Redeemer fait éclore un étrange mal-être, à la fois envoûtant et funèbre. C’est dire si, sous le vernis expérimental, les ballades sont ravagées, les mélodies sentimentales et les notes glissantes comme des larmes.
Parmi ces divagations, un seul point de repère : sa voix, imprégnée du groove insidieux de la maison Stax (Isaac Hayes en tête !). En une vingtaine de titres, Dean Blunt amasse donc beaucoup d’intentions pour un seul album, mais toujours avec un magistral équilibre entre candeur et nonchalance.
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