Imperméable à l’air du temps, le Catalan cultive obstinément son obsession pour la mélodie.
Depuis Psicòtic Music’ Hall (2002), son dernier album distribué par ici, Pascal Comelade aura enchaîné les projets en Espagne, où il jouit d’une attention critique continue et d’une solide cote de popularité. De ce côté des Pyrénées, en revanche, son activité aura été quasiment nulle. Il est vrai qu’en France son statut reste étonnamment précaire : trente bonnes années de présence n’auront pas suffi à enraciner l’homme aux rouflaquettes dans le paysage musical. A l’écoute de Mètode de Rocanrol, on comprend pourquoi : ce type est profondément embarrassant, puisqu’il continue d’échapper aux grilles de lecture en vigueur dans notre vieux pays.
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Trop brutes pour jouer les arts d’agrément, trop autonomes pour être attachées à la famille surpeuplée des “BO imaginaires”, ses mélodies fuient une fois encore les créneaux dévolus aux expressions purement instrumentales. Son approche anti-folklorique des musiques de genre a de quoi défriser les amateurs d’authenticité rustique comme les gardiens de tous les temples (rockeurs en tête). Qu’il explore encore la formule claviers-section rythmique-cuivres ou qu’il se fende d’une magnifique composition pour cobla catalane, Comelade se soucie en outre comme d’une guigne du progrès et de l’innovation, ces gros mots pour chefs d’entreprise que tant de musiciens jugent bon d’adjoindre à leur vocabulaire. Non, cet homme ne se réinvente pas à chaque disque, mais il fait bien mieux : il creuse ses obsessions jusqu’à leur donner un relief toujours plus tranchant.
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