Un joyau de soul futuriste venu d’Ecosse : bienvenue dans les abysses.
L’ami, très bien intentionné, et béni chaque matin d’une génuflexion hasardeuse, avait su trouver les mots pour présenter le Tape One de Young Fathers : “la mentalité autarcique de WU LYF et des mélodies diffractées à la TV On The Radio”.
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Quand on apprit en plus que le trio écossais venait de signer avec l’écurie Anticon de Californie – toujours un beau repaire d’affranchis du hip-hop, de défroqués du rock, de mavericks de la pop –, l’affaire était entendue. L’ami en question s’était largement trompé : c’est encore beaucoup mieux que ça.
Sur ce second album, ces garçons d’Edimbourg (un Libérien, un Kenyan, un Ecossais) s’enfoncent plus en profondeur encore dans une soul aussi expérimentale que bouleversante, moite et grave à l’image du somptueux I Heard d’intro. Car si on est en Ecosse, on pense régulièrement à Bristol, de Tricky à Massive Attack, pour cette façon de faire briller le noir, de rendre sensuel l’inconfortable.
Il y a ce que cette musique dit, en raps murmurés, en electro feutrée, en percussions enragées, mais on entend surtout ce qu’elle tait : sa mélancolie, ses espoirs fous, sa foi inébranlable. Le plus miraculeux de cette histoire est que le trio avait démarré sa vie comme un boys-band. Aujourd’hui : boys-débandade.
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