Un jeune Néerlandais remonte le temps à la recherche des fantômes de la pop psychédélique. Brillant. Critique et écoute.
Attablé sans son chapeau haut de forme ni sa redingote pourpre, Jacco Gardner pourrait passer pour un garçon de 2013. Le doute est en revanche permis lorsqu’on écoute son premier album, lequel ressemble de façon troublante à l’un de ces trésors oubliés qui remontent de temps en temps à la surface en provenance du pays des merveilles de la pop. Soit cette parenthèse enchantée qui enserre les années 67 et 71, de Strawberry Fields Forever jusqu’au moment où Syd Barrett commença vraiment à sucrer les fraises, où le rock perdit son innocence et une certaine grâce juvénile dont lui se veut aujourd’hui l’héritier.
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“J’ai tellement été captivé par cette époque, argumente Jacco le craquant, que je voulais vraiment faire un disque qui rivalise avec les chefs-d’oeuvre qui m’ont marqué. Je ne sais pas si j’y suis parvenu mais c’était mon objectif. Je ne suis pas nostalgique, je n’étais pas né quand furent publiés les disques qui m’ont inspiré. Je me situe dans un monde parallèle où cette musique est la bande-son idéale, quels que soient l’époque ou l’endroit où je me trouve en réalité.”
A 24 ans, ce natif des environs d’Amsterdam n’a sans doute même pas eu recours aux herboristeries locales pour entrer en liaison télépathique avec les grands esprits – anglais pour la plupart – qui semblent l’avoir nourri au sein. Tout ça se fait avec un naturel d’une fluidité remarquable, sans clichés ressassés ni cynisme passéiste, empreint à la fois d’une candeur et d’un aplomb rarement croisés chez certains faussaires qui tentèrent le même voyage à rebours dans le temps.
Cabinet of Curiosities, avec sa myriade de clavecins, de mellotrons, d’effets en spirales qui tourbillonnent autour d’une voix d’elfe, ses valses comme des carrousels et ses berceuses baroques, ressemble certes à l’album fantasmatique que Syd Barrett aurait pu enregistrer avec les Zombies d’Odessey & Oracle.
Jouant de tous les instruments – à l’exception de la batterie –, Gardner n’a pas cherché à faire du style, de la décoration pour brocanteurs : il s’est véritablement lancé dans une quête du merveilleux qui était celle de ses modèles, avec les mêmes objectifs et le même dessein : “Je suis une sorte de Peter Pan, je regarde grandir mes amis qui perdent en chemin leur innocence et la créativité de leur enfance. Avec ma musique, je tente de préserver le plus longtemps possible cet esprit magique, et ce disque est avant toute chose une thérapie personnelle.” Qui soignera des mêmes maux tous ceux qui l’approcheront.
Concert le 15 août à Saint-Malo (Route du rock)
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