Dernières lumières sur un festival qui ne sait pas (trop) sur quel pied danser.
Il y aura donc eu ces marches, demi-pointes, hanches chaloupées, dans The Romeo signé Trajal Harrell, ou celles dévorées par la nuit lors de la reprise d’En atendant d’Anne Teresa de Keersmaeker. De toutes les manières, on a beaucoup marché dans cette édition, parfois de façon guerrière, souvent pour affronter l’époque. “My walking is my dancing“, résume la Belge dont Exit Above est encore dans toutes les mémoires.
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Beaucoup d’effets pour peu d’effet
En atendant, reprise dans les lieux de sa création, le cloître des Célestins, aura fait l’effet d’une plongée dans le temps, la magie en moins. Un vol de martinets agités venant troubler la représentation, les danseur·euses ainsi tancé·es semblaient courir après le souvenir de ces pas dansés.
Quant à la cour d’honneur, elle paraissait trop grande pour le théâtre des affects de Trajal Harrell. The Romeo est, qui sait, le nom d’une danse ou d’un amant. L’Américain de Zurich déplie une fois de plus sa gestuelle savante, puisant aux danses exotiques de foire, au répertoire du XXe siècle naissant et au voguing. Le défilé a belle allure – Thibault Lac forever ! crie notre petit cœur – mais on regrette que Trajal Harrell n’ait pas cherché à rhabiller les vieilles pierres du palais des papes. Peu différent de la version créée sur ses terres suisses, ce Romeo affiche nonchalance et grand style. Pas sûr que cela suffise.
Et lorsque toutes les marches sont épuisées – et nous avec –, il ne reste plus qu’à grimper comme le fait si bien Fanny Alvarez. FEU, dans le cadre de Vive le sujet ! Tentatives, porte bien son titre. La soliste, l’une des figures de la création de Phia Ménard, La Trilogie des contes immoraux (pour Europe), cherche l’allumage. Ses techniques sont sonores – on n’aura jamais vu autant de percussions sur un plateau – et poétiques.
Partir en fumée, décrocher la lune, prendre le large. Fanny passe par une échelle, Alvarez sort par le haut. On sent par instants l’influence de Vimala Pons ou de Tsirihaka Harrivel. Mais Fanny Alvarez sait tenir le tout à distance. Accompagnée de l’improbable duo composé de Morgane Carnet et Xavier Tabard, la fille de l’air se met, sous nos yeux, en fuite. C’est beau comme un cierge magique un soir de Noël. FEU, effet spécial d’un festival en surchauffe, pour résumer l’affaire.
Festival d’Avignon, jusqu’au 25 juillet.
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